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Hôpital militaire
A Perpignan, Pyrénées-Orientales, le diagnostic d'évaluation réalisé en douze tranchées mécaniques prenait en compte 20 % des 800 m2 en aire ouverte, correspondant à peu près à l'emprise du cloître de l'ancien couvent des franciscains.
L'intervention bénéficiait durant deux semaines du concours de cinq collègues algériens en stage de formation aux méthodes appliquées en archéologie préventive : F. Benaklouche (attachée de recherches, chef de section)/musées de Cherchell ; A. Abbaci (chef de stage), L. Arifi, K. Meddad (attachés de conservation)/département recherche et inventaire de l'agence nationale de l'Archéologie et de la Protection des sites et monuments historiques, Alger ; H. Meziani (attaché de recherches)/centre archéologique et pédagogique du site de Tigzirt, agence nationale de l'Archéologie.
L'hôpital militaire, devenant hôpital général de Perpignan au XIXe s., s'installe dès le début du XVIIIe s., en les modifiant sensiblement, dans les locaux du couvent des franciscains bâti à partir de la fin du XIIIe s. Ces deux principales phases d'aménagement n'étaient pas difficiles à individualiser. Les bâtiments conventuels d'origine (église, galerie de cloître et mur bahut des XIIIe-XIVe s.) sont entièrement conservés en plan et en petite élévation. Les ajouts tardifs liés à la fonction hospitalière (XVIIIe-XIXe s.) n'apparaissent que sous la forme de murs de refend subdivisant les vastes volumes des locaux monastiques en chambrées collectives plus réduites. L'adjonction de chapelles latérales, dont l'une contenait la pierre tombale aux armes d'un consul de la ville, est une étape intermédiaire de construction qui intervient entre la fin du XVIe et le milieu du XVIIe s. Un des enfeus du grand cloître initial, désobstrué lors de l'intervention, livrait son organisation fonctionnelle et une pierre tombale inédite du XIVe s. (1326) portant mention épigraphique d'un personnage éminent, lié de près aux monarques du royaume de Majorque. La distorsion entre les données de terrain et les documents écrits venait de l'espace ouvert du cloître. Ce cloître-cimetière, abondamment requis durant quatre siècles par testament comme lieu d'inhumation privilégié par les grandes familles perpignanaises, ne renferme qu'un nombre très réduit de sépultures. Sur les huit inhumations observées en tranchées, une figure normalement dans un enfeu destiné à cet effet, une dans une chapelle latérale de l'église majeure, deux dans la galerie du cloître, deux dans une chapelle annexe et deux seulement dans l'espace central traditionnellement dévolu aux morts. Il est à noter enfin la présence de murs antérieurs à la construction du couvent, datés sans réelle certitude du XIIe s. Leur importante profondeur d'enfouissement et leurs orientations renseignent sur l'occupation de cette périphérie immédiate de la ville, protégée par la nouvelle et dernière muraille de la ville à compter du milieu du XIVe s.