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La Plaine du Fétel
Dans le cadre de l'opération des Artères des Hauts de France, les vestiges d'une occupation gallo-romaine ont été découverts à Pas-en-Artois, au lieu-dit La Plaine du Fétel (Pas-de-Calais).
Les fouilles ont permis d'identifier un segment de la pars rustica (partie dévolue à l'exploitation agricole) d'une villa gallo-romaine, c'est-à-dire un établissement agricole antique composé habituellement d'une habitation (pars urbana), de bâtiments d'exploitation et de champs. Le site, localisé à mi-chemin entre les chefs-lieux de la Cité des Atrébates, Nemetacum (Arras), et de celle des Ambiens, Samarobriva (Amiens), est implanté au sommet d'un versant dominant la vallée de l'Authie. L'occupation se développe du début du Ier siècle de notre ère jusqu'au IVe siècle. Deux phases d'occupation, matérialisées par une modification de l'usage de l'espace, ont pu être distinguées.
La Plaine du Fétel, Pas-en-Artois (Pas-de-Calais), 1997
La Plaine du Fétel, Pas-en-Artois (Pas-de-Calais), 1997
La Plaine du Fétel, Pas-en-Artois (Pas-de-Calais), 1997
La première phase d'occupation au Haut-Empire
Les premières traces d'occupation remontent à la première moitié du Ier siècle et consistent en la mise en place d'un réseau de fossés orientés nord-ouest/sud-est. Ils délimitent sans doute la largeur de l'emprise de l'établissement, soit 66 m (un peu moins de deux actus ou longueurs d'arpent).
Deux fossés parallèles marquent la limite sud tandis qu'un seul a été identifié au nord. Un quatrième fossé leur est perpendiculaire et doit sans doute délimiter des espaces où étaient pratiquées des activités différentes.
Deux structures destinées à la conservation de l'eau ont été mises au jour. La première est une mare dont le fond avait été aménagé de rognons de silex, sans doute pour permettre aux animaux de venir s'abreuver. Cette structure était alimentée par un « canal » naturel provenant de la partie supérieure du terrain. Le système d'évacuation n'a pas été observé, car situé en dehors de l'emprise de fouille. La seconde mare se trouve à l'est de la première. Des vestiges de torchis et de charbon de bois témoignent de l'existence d'un bâtiment la recouvrant ou bien situé à proximité. Un canal permet une évacuation de l'eau. Aucune fonction précise n'a pu être attribuée à cet aménagement. Il en est de même pour une fosse où avaient été déposées 12 céramiques entières.
La seconde phase d'occupation au Bas-Empire
À la fin du IIIe siècle ou au début du IVe siècle, l'occupation s'organise différemment. Mais, si les fossés de la phase précédente ont disparu, les structures les plus tardives respectent encore les orientations primitives.
Une cabane de 4,35 m de côté est aménagée et couverte d'une toiture de tuiles. Elle est rapidement remplacée par un bâtiment sur poteaux et solin un peu plus vaste. Ces deux bâtiments qui se succèdent doivent sans doute avoir la même fonction. Ils sont associés à un four de forme carrée et à un cendrier. Aucun vestige n'a permis une attribution fonctionnelle à cette découverte : était-ce un four à pain ? ou bien un séchoir à grain ?
La fouille a donc permis d'observer une partie d'un ensemble beaucoup plus vaste occupé du début du Ier siècle à la fin du IVe siècle. Or, une occupation aussi longue est rare dans les régions du Nord, où la plupart des établissements agricoles ont été abandonnés avant le Bas-Empire. Il s'agit donc d'un site particulier. Sa position, à la frontière des territoires ambien et atrébate, montre, en outre, les changements de zones d'approvisionnement qui ont existé dans ce secteur entre le Haut-Empire (favorable au territoire ambien) et le Bas-Empire (favorable à l'Atrébatie).