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Le Bacquet d'Oise
A Brissay-Choigny, Aisne. Ce paléochenal a fait l'objet de deux opérations de fouille, l'une de septembre à décembre 2011, l'autre de mai à octobre 2012, chacune sur une superficie d'un peu plus d'un hectare. Les vestiges rencontrés sont caractéristiques des activités de pêche et datent du Moyen Âge.
Une pirogue médiévale a été découverte dans le cadre des opérations préventives liées à l'exploitation de granulat dans la moyenne vallée de l'Oise.
À cet endroit, la rivière se compose actuellement de deux bras principaux qui coulent au pied des versants, le long des villages de Vendeuil et de Brissay-Choigny. Cependant, on peut observer que les limites de communes, au milieu de la plaine alluviale, adoptent un tracé sinueux, indice de l'existence passée d'un bras de rivière aujourd'hui comblé.
Les pécheries médiévales
Plusieurs types d'aménagements ont été observés. Une partie des berges est stabilisée par des implantations de pieux en bois doublés de clayonnages ou de fascines. Au milieu de l'ancien cours d'eau, des alignements de pieux de plusieurs dizaines de mètres de long, forment des couloirs se rétrécissant en entonnoirs, destinés à canaliser les poissons vers des pièges ou des zones de pêche privilégiées. Ce dispositif est connu sous le nom de gord.
L'aménagement de la rivière a aussi pris la forme de construction de digues, dans un des secteurs de la fouille. Elles sont composées d'un volumineux massif de moellons de craie associé à des alignements de pieux. Les digues se rejoignent et se terminent de façon nette, en pointe, matérialisées par un aménagement en bois. À l'extrémité, le massif de craie est bloqué par des planches maintenues par des pieux verticaux. Le dispositif est renforcé par des jambes de forces encastrées dans la planche supérieure.
Le mobilier lié aux activités de pêche
La fouille a livré une grande quantité d'objets illustrant les techniques de pêche au Moyen Âge. Les plus nombreux sont les poids destinés à lester les filets et les nasses. Taillés dans la craie, leurs formes sont plus ou moins travaillées, allant du moellon vaguement équarri au tronc-de-cône lissé sur toutes ses faces. Leur masse varie de cinquante grammes à trois kilos. Deux types principaux se dégagent, en fonction du système d'attache : les rainurés et les perforés.
Sur l'ensemble des deux fouilles, 18 fragments de nasse ont été mis au jour, dont certaines archéologiquement complètes. Les observations réalisées sur celles-ci sont riches d'informations sur les techniques de vannerie au Moyen Âge.
Parmi les objets métalliques, outre ceux utilisés pour le travail du bois, de nombreux hameçons, harpons, gaffes et lève-nasses ont été mis au jour.
La pirogue
Le long d'un des alignements de pieux était posée une embarcation mesurant 5,60 m de long sur 80 cm de large. Il s'agit d'une pirogue monoxyle, taillée dans un tronc de chêne. La forme générale de la coque se caractérise par deux levées s'achevant par des extrémités à seuil large. Le fond est plat et sa profondeur maximale est de 20 cm. Le fond est percé, à distances régulières, de trous de jauge fermés de bouchons en bois. Sur les deux-tiers de la longueur, des réaménagements sont bien visibles sous la forme d'adjonction de planches de bordé. Celles-ci sont maintenues par des demi-membrures en L fixées par des gournables (chevilles de bois).
Dans le cadre de cette fouille préventive, il n'a pas été possible d'envisager une conservation et une dévolution immédiate. Dans l'attente de solutions pérennes, le choix a été fait de l'immerger dans un plan d'eau afin qu'elle ne se dégrade pas trop rapidement. Pour ce faire, un châssis en inox a été spécialement conçu par Arc-Nucléart afin de prélever, de transporter et d'immerger la pirogue dans les meilleures conditions.