À Marsan, dans le Gers, dans le cadre des travaux d'aménagement de la RN 124, un cimetière du Moyen Âge a été fouillé par une équipe de l'Inrap.

Chronique de site
Dernière modification
18 avril 2017

Un cercueil monoxyle (taillé dans une seule pièce de bois) très bien conservé y a été découvert. Il sera intégralement prélevé en vue de sa préservation.


Les circonstances de l'opération

La mise en 2 x 2 voies de la RN 124, entre Auch et Aubiet sur environ 8,5 km, a nécessité la réalisation d'un diagnostic archéologique suivi d'une fouille en 2008 par des archéologues de l'Inrap. À cette occasion, un cimetière du bas Moyen Âge a été mis au jour. Plus de 200 sépultures, qui semblent se répartir en deux phases d'utilisation, déterminées par la taille des sépultures, leur orientation et les recoupements entre elles, ont été fouillées. Plusieurs indices confirment un fonctionnement de la nécropole sur le long terme. Les vestiges fortement arasés d'un habitat ont aussi été exhumés, mais il n'en subsiste que quelques fosses dépotoirs, silos, fossés et trous de poteau.

Étudier les morts pour mieux comprendre les vivants

L'agencement des os dans les fosses aide à comprendre comment l'individu a été inhumé. La forme de la fosse et la position des os, résultant des modalités de la décomposition du corps, permettent de reconstituer l'agencement initial de la sépulture. Bien que la plupart des sujets aient été inhumés dans des contenants, on constate une certaine variabilité des pratiques funéraires. Les dépôts de mobilier dans les tombes, essentiellement des vases, sont peu fréquents.
Les analyses anthropologiques en laboratoire permettront de déterminer l'identité biologique des sujets (sexe et âge des adultes, estimation de l'âge au décès des enfants) et, au-delà, d'aborder leurs conditions de vie. Le croisement de ces données favorisera une meilleure compréhension des pratiques funéraires dans la région et une meilleure connaissance de la population du Moyen Âge.

Une découverte inattendue

De nombreuses traces de bois ont été observées sur le site, permettant dans bien des cas de déterminer la présence d'un cercueil et d'en révéler la forme. Pour l'une des sépultures, la présence quasi permanente d'eau issue de petites sources a favorisé la conservation de la cuve et du couvercle du cercueil. Celui-ci a pour particularité d'avoir été taillé dans une unique pièce de bois : on le dit monoxyle. Le tronc d'arbre évidé comporte un aménagement spécifique pour placer la tête du défunt. En attendant une datation dendrochronologique (par l'étude des cernes du bois), on estime l'âge de ce cercueil entre 700 et 1 000 ans.
Des cercueils monoxyles ont déjà été mentionnés dans la région, mais ils n'ont été vus que très partiellement, ou bien leur présence n'a été déterminée qu'à partir de la position des ossements dans la tombe, le bois n'ayant pas été conservé. Les références manquent donc, ce qui fait du cercueil de Marsan une découverte exceptionnelle. Cependant, il reste difficile pour le moment de replacer cette découverte dans l'évolution des pratiques funéraires dans cette partie de la France à l'instar d'autres régions.

Le prélèvement du cercueil monoxyle

Le prélever intégralement était le meilleur moyen de le conserver. L'opération a été menée en deux temps : l'enlèvement du couvercle, puis celui de la cuve après sa fouille. Des restaurateurs de l'Inrap et du laboratoire Materia Viva de Toulouse ont assisté des techniciens spécialisés venus du laboratoire Arc-Nucleart de Grenoble. Un coffrage de bois et de polystyrène a été réalisé de telle sorte que la cuve ne casse pas lors de son enlèvement et de son transport. Aujourd'hui, le cercueil est à l'abri dans le laboratoire Arc-Nucleart en attente d'une étude et d'un éventuel traitement.