A Éclaires, Marne, en contrebas des reliefs boisés de l'Argonne s'est développée une agropisciculture.

Dernière modification
10 mai 2016

Le fond des vallées est occupé par des étangs disposés en chapelets. De nombreux indices topographiques laissent supposer qu'ils furent plus nombreux. À Éclaires (Marne), au lieu-dit Le Petit Étang, les archéologues ont pu étudier les vestiges de la digue d'un étang médiéval actuellement asséché. La digue est toujours visible dans le paysage actuel sous la forme d'une levée de terre de 350 m de longueur. 


Ce type d'étang est en général installé sur de petits cours d'eau dont on barre la vallée par une digue pour retenir l'eau. La fouille a révélé la construction en deux parties de la digue. Vers l'aval, une levée de terre de 2 m de haut mesure à sa base 10 m de large et 3 m à son sommet. Les matériaux qui la composent sont de deux types : des couches argileuses du substratum pour son assise, tandis que sa partie supérieure est formée d'un empilement de différentes couches d'argile et de sable. En amont, l'aménagement en bois, contre la levée, est fait d'une succession de pieux en chêne enfoncés dans l'argile et supportant des madriers disposés à l'horizontale. Leur agencement complexe ménage des "caissons" qui sont remplis d'un remblai compact de cailloutis et de fragments de tuiles. Lors de l'étude dendrochronologique, quatorze bois en chêne ont été analysés. La courbe de croissance moyenne obtenue est longue de 98 ans et calée entre 1310 et 1407. Une datation sur cambium permet de déterminer une date d'abattage pour un arbre : 1407 après J.-C. Cette date est confirmée par deux datations sur aubier : 1409 ± 10 après J.-C. et 1399 ± 10 après J.-C. Ce système de pieux et caissons, intégré dans le pied de la digue, peut être interprété soit comme un moyen d'accès à l'eau soit, plus probablement, pour éviter l'affouillement par l'eau du pied de la digue, la pose des pieux pouvant être postérieure à la construction de la digue. La construction d'étangs durant toute la période médiévale est aussi en relation, à partir de la fin du Moyen Âge, avec le développement de la sidérurgie et des premiers hauts fourneaux, l'énergie hydraulique permettant d'actionner les marteaux de la forge. L'ensemble de l'installation sidérurgique (haut-fourneau, forge, martinets, etc.) était installé au pied de la digue de l'étang, en aval de celui-ci. La structure de bois du pied de la digue, vers l'intérieur de l'étang, est parfois remplacée par un empierrement à la période moderne.