À Uzès, dans le quartier Saint-Ferréol, les archéologues de l’Inrap ont mis au jour un vaste cimetière creusé dans la roche et utilisé de la fin de l’Antiquité au Moyen Âge (VIIe – XIIe siècles). Il est situé dans un quartier péri-urbain mis en place à la période Républicaine et évoluant jusque vers les Ve-VIIe siècles après J.-C. 

Dernière modification
01 avril 2022

Conduites sur prescription de l’Etat (Drac Occitanie), à l’occasion d’un projet immobilier porté par un particulier, les recherches se sont déroulées entre les mois de septembre 2021 et février 2022.
 

L’agglomération antique d’Ucetia

Plusieurs bâtiments, partiellement creusés dans la roche, peuvent être attribués à la période Républicaine (fin IIe siècle av. J.-C. – 27 ap. J.-C.). Cette installation précoce, située extra-muros de l’agglomération uzétienne, dominait la rive droite de l’Eure. Une voie, bordée de murs et aménagée sur le rocher, permettait de circuler le long de la falaise. La fonction de ce quartier est encore à définir. S’agit-il d’une occupation résidentielle ? Celle-ci décline aux cours des siècles au profit d’activités agricoles, dont témoigne la plantation de vignes.
Jusqu’à présent, de tels vestiges ont été très rarement observés hors de l’enceinte d’Uzès, ce secteur sud de la ville n’ayant pas fait l’objet de travaux archéologiques récents.


Le cimetière de Saint-Ferréol

Par la suite, le quartier de Saint-Ferréol a abrité un vaste cimetière rupestre qui s’est progressivement développé entre les VIIe-XIIe siècles. L’emprise du site de fouille a permis l’étude de près de 200 sépultures, orientées ouest/est, implantées en rangées et quasi systématiquement installées dans le rocher. La mise en œuvre du cimetière résulte de pratiques religieuses dictées par les législateurs ecclésiastiques. Femmes, hommes et enfants ont reçu le même soin : un creusement dans la roche à la forme du corps avec souvent un coussin rupestre pour la tête et des dalles de couverture protégeant le défunt de tout contact avec la terre. L’absence de recoupement apparent entre les tombes témoigne de la présence de dispositifs de signalisation. Les arguments archéologiques font défaut mais des petits tertres ou des croix en bois par exemple devaient faire partie du paysage du cimetière de Saint-Ferréol. Peut-être ce respect pour le corps du défunt est-il à mettre en parallèle avec une croyance en la résurrection des chairs.

Des pots dans la tombe

Une trentaine de pots globulaires, à usage domestique et à fabrication locale, a été exhumée des tombes. Ces dépôts, régulièrement attestés pour la période carolingienne, sont liés au déroulement des funérailles. Les vases étaient déposés soit au contact du défunt, soit sur la couverture, soit encore au-dessus, dans la fosse comblée de terre. Contenant des cendres, de l’encens ou de l’eau bénite, ils recevaient une pierre en guise de bouchon afin de protéger le contenu au moment du rebouchage de la tombe. Ces dépôts, qu’il s’agisse d’un rituel chrétien ou d’une manifestation laïque du deuil, sont riches d’enseignement quant au déroulement des funérailles, même si l’archéologie ne permet pas d’appréhender, derrière le geste, la nature du symbole.
 

Quelle population ?

La population à Saint-Ferréol ne semble pas présenter de recrutement ou de localisation spécifique par âge ou par sexe au sein du cimetière. Parmi les groupes et les rangées de tombes, les adultes côtoient les enfants, les femmes côtoient les hommes. L’étude de ces individus, réalisées par les anthropologues, complétée par les données historiques, permettront d’appréhender les modes de vie et les conditions de travail de cette population, et  peut-être aussi sa provenance, du centre urbain d’Uzès ou des fermes éparses sur le territoire alentours.

Sépultures en cours de fouille.
Sépultures en cours de fouille.
© Pascal Bois, Inrap
Aménagement : Projet immobilier
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac Occitanie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Liliane Tarrou, Inrap