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Nécropole de La Rouquette
A Puisserguier, Hérault, cette opération, qui présente un intérêt scientifique et patrimonial majeur, a su fédérer les efforts des principaux partenaires : l'aménageur (la communauté de communes entre Lirou et Canal du Midi), la Drac Languedoc-Roussillon (service régional de l'Archéologie), et l'Inrap.
L'exploration de la nécropole de la Rouquette s'est déroulée de juillet 2003 à septembre 2004. Deux cent vingt sépultures à incinérations ont été découvertes sur une superficie de 3000 m2.
Le site, occupé du VIIIe siècle jusqu'au début du VIe siècle avant notre ère, est dans un état de conservation exceptionnel. La fouille intégrale du cimetière a permis de constituer une impressionnante collection de 2660 vases et de plus de 500 petits objets. Ce matériel, déjà en partie restauré, sera présenté au public lors d'une exposition consacrée à la nécropole.
Le déroulement des funérailles
La dépouille est d'abord étendue sur un bûcher, habillée et parée de ses plus riches atours. Après la crémation, les restes humains sont soigneusement recueillis puis lavés, avant d'être déposés dans un vase avec quelques effets personnels du défunt. Une fois l'ossuaire placé dans la fosse sépulcrale, on dispose tout autour des vases d'accompagnement. La composition de ces ensembles funéraires laisse penser à un repas funèbre. Le nombre de récipients à boire témoignerait de rites collectifs au cours desquels s'exprimaient des liens de sociabilité. Dans certaines sépultures, s'ajoutent aux vases des quartiers de viande, des fusaïoles, des ustensiles métalliques et des objets en matériaux périssables, peut-être du bois ou des pièces de tissus, matérialisés lors de la fouille par des « espaces vides ».
Après la mise en terre, la sépulture est scellée par une lourde dalle. L'emplacement de la tombe est signalé en surface par un petit tumulus, rectangulaire ou circulaire, constitué de pierres posées de chant.
Quelques aspects des croyances celtiques
Des vases posés dans de petites fosses, ou sur des amas de pierres, sont disposés en périphérie des tumili. Ils révèlent l'existence de pratiques cultuelles dont la vocation est de perpétuer le souvenir de certains défunts. Ces lieux de dépôt témoignent de l'importance du culte des ancêtres.
L'un des apports les plus importants de cette opération est la découverte d'une grande construction à vocation cultuelle jusque là inédite. Elle est formée de deux gros murs curvilignes accolés qui limitent chacun un espace auquel on accède par un petit couloir et dans lequel est creusée une fosse contenant des vases à boire. Cette construction très élaborée pour l'époque est manifestement liée à des pratiques cultuelles particulières, sans doute dédiées à des divinités chtoniennes (de la terre et du monde souterrain).
Un aperçu de l'organisation sociale
Cette nécropole a également fourni des informations sur l'organisation sociale des communautés indigènes peu avant l'arrivée des Grecs sur les côtes languedociennes. Parmi les 240 individus incinérés, une grande majorité sont des adultes, les plus jeunes gens sont relégués hors du cimetière. L'âge est donc un critère essentiel de distinction sociale, comme dans d'autres sociétés méditerranéennes à l'époque archaïque. De plus, dans la nécropole, les femmes et les hommes sont représentés à part égale. Par ailleurs les tombes sont très semblables, ce qui suggère une population peu nombreuse et une organisation faiblement hiérarchisée.
Mais quelques tombes se singularisent par des constructions plus soignées, plus imposantes ou par la présence de mobilier. Ce sont peut-être des personnages importants. Cependant l'absence d'attributs de pouvoir ou d'objets à caractère usuel ne permet pas de mieux définir leur rôle et leur fonction.