A Nîmes, Gard, la création d'un tronçon de rue prolongeant la rue Clérisseau vers la rue d'Aquitaine ainsi que la construction d'une résidence étudiants (Crous) et de logements sociaux (SA HLM Un Toit pour Tous) ont contribué à la prescription d'un diagnostic archéologique en septembre 2007.

Dernière modification
22 septembre 2016

Il a succédé à la démolition d'immeubles d'habitation sur une superficie d'environ 2700 m². Au total, neuf tranchées (couvrant 15% de l'emprise) ont attesté d'une dense occupation du secteur du début du Ier siècle jusqu'aux IIe - IIIe siècles de notre ère.

De septembre 2008 à janvier 2009, une campagne de fouille permettra aux archéologues de préciser la nature de ces occupations (habitat, cultures, artisanat) et les formes d'urbanisation successives du quartier (trame urbaine antique, tracé de l'enceinte moderne) jusqu'à nos jours, réactualisant ainsi l'état des connaissances de ce secteur septentrional de la ville de Nîmes.
 

campagne préromaine

Le terrain occupe une position de bas de versant au sein d'un vallon naturel humide qui ne semble pas avoir été très attractif avant le début de notre ère. Aucune construction de la Protohistoire ou des IIe/Ier siècles avant notre ère n'a été repérée. Cette absence confirme le statut rural préromain de ce secteur à vocation plutôt agricole, vraisemblablement bordé à l'est jusqu'à l'époque moderne (sous l'actuelle rue Rangueil ou rue Bachalas) par un cours d'eau alimenté par la source de la Crucimèle.

Dans la ville romaine

Lors du diagnostic, les observations ont permis de démontrer l'existence d'un quartier d'habitations des Ier - IIIe siècles de notre ère, sans doute bâti dès l'époque augustéenne, à l'ouest de la rue Fléchier. De ces constructions ne subsistent que quelques sols de maisons dont quelques mosaïques à décors géométriques, les murs ayant le plus souvent été récupérés. Par ailleurs, les constructions modernes (XVIIe - XXe siècles) sont venues largement détériorer les vestiges antiques et plusieurs caves ont ainsi détruit une part importante des sols romains conservés.
À l'est de la rue Fléchier, l'occupation est différente et n'a révélé aucune construction en dur. La proximité d'un cours d'eau temporaire (alimenté par la source de la Crucimèle) a sans doute contribué à la formation d'une zone humide, voire inondable.
Celle-ci est alors réservée à des espaces plantés, des activités artisanales ou encore à des installations à caractère technique ou agro-pastoral. Elle est délimitée de part et d'autre par des voies dont les rues Rangueil, Fléchier et Bachalas semblent reprendre le tracé.

Le Faubourg des Prêcheurs et le rempart de 1688

Les habitations sont abandonnées entre le IIe siècle et les Ve - VIe siècles sans que l'on puisse actuellement en préciser les modalités exactes, puis les terrains sont mis en culture.
D'après les documents d'archives, l'axe médiéval de la rue des Prêcheurs (actuelle rue Bachalas) et l'établissement d'un couvent dominicain au XIIIe siècle ont ensuite favorisé le développement du quartier à la fin du Moyen Âge et au-delà. Toutefois, aucune construction n'a été retrouvée et c'est davantage un quartier à vocation agricole qui semble perdurer notamment dans sa partie orientale.
À la fin du XVIIe siècle et à la demande du roi, la ville fait construire un rempart raccordant l'enceinte de la citadelle au reste des fortifications urbaines. Le faubourg des Prêcheurs se trouve alors inclus dans le périmètre urbain de la ville. Son tracé en partie connu traverse l'emprise de la fouille pour rejoindre à l'ouest et à l'est le boulevard Gambetta.
Enfin, plusieurs sépultures à proximité de la rue Bachalas pourraient évoquer l'existence d'un cimetière des XVIIe - XVIIIe siècles dont il n'est cependant pas fait mention dans les archives.