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Porte Pairolière
À Nice, Alpes-Maritimes, la fouille de la porte Pairolière, qui couvre plus de 2 000 m2, a fait l'objet d'un dispositif particulier.
Le tramway doit en effet passer ici sur une dalle qui vient couvrir l'ensemble des vestiges archéologiques. Les archéologues, après réalisation de la dalle, fouillent (jusqu'à 6 m de profondeur) sans gêner la mise en service du tramway.
L'ancienne porte Pairolière, citée dans les textes d'archives dès le début du XIVe s., correspond à l'entrée principale de la ville en direction de Turin. Du côté du Paillon, la porte est accolée à une tour qui reste présente dans le paysage jusqu'à la démolition de la fortification du début du XVIIIe s. ; elle a toutefois perdu un réel usage militaire au début du XVIe s., lorsque l'on vient construire le bastion Pairolière destiné à renforcer la défense de la porte.
La seconde phase de la fouille, sous dalle, a commencé le 14 mai 2007, après une interruption de deux mois nécessaire à la réalisation de la dalle du tramway.
La porte Pairolière et la tour
Accolée à la tour de 8,50 m de diamètre, les vestiges de la porte Pairolière sont conservés sur l'emprise de la fouille sur une surface relativement réduite. Ils se composent pour le moment d'un mur en moyen appareil comportant plusieurs reprises et aménagements se succédant selon le rôle donné au bâtiment. Des structures maçonnées, pouvant correspondre à la culée du pont et à la route sortant de la ville en direction du nord-est, probablement la route de Turin, ont commencées à être dégagées. Depuis la reprise de la fouille sous dalle, mi mai, les niveaux du fossé commencent à apparaître, ainsi que des structures liées à la retombée du pont levis). Plus au nord, des niveaux de circulations successifs correspondent à l'ancien axe majeur de circulation.
La chapelle Saint-Sébastien
Un bâtiment rectangulaire est collé à la tour au nord. Sur un plan de la fin du XVIIe s., le bâtiment est mentionné comme étant la chapelle Saint-Sébastien. Ce plan montre également une limite de parcelle à l'intérieur du bastion que nous avons retrouvée sous la forme d'un mur très épais de direction est-ouest qui vient s'accoler à la « chapelle ». La chapelle Saint-Sébastien, d'après les archives, située hors les murs au Moyen Âge, a été déplacée dans l'emprise du bastion, peut-être à la fin du XVIe s.
Le bastion Pairolière et le ravelin
Dans la première moitié du XVIe s., les progrès de l'artillerie nécessitent de renforcer la fortification de la ville. La porte est alors protégée par un bastion qui prend le nom de la chapelle Saint-Sébastien voisine. Le bastion Pairolière est particulièrement imposant : sa face nord, sur la place Garibaldi, est protégée par un mur de plus de 4 m de large, comportant un cordon mouluré qui devait probablement rejoindre celui de la tour. Le tracé de ce bastion ne correspondant pas à celui des plans du XVIIe s., il a probablement été reconstruit et agrandi en direction de la place Garibaldi, peut-être à la suite du siège de 1543. On sait en effet par les textes qu'il a été violemment bombardé lors de l'attaque. Le mur extérieur du second bastion a lui aussi été retrouvé, mais très dégradé en partie haute par la destruction voulue par Louis XIV en 1706. Le bastion Pairolière s'est implanté sur l'ancienne fortification du XVe s. Sa création est venue englober en particulier l'ancien ravelin, ouvrage de fortification avancée située au-delà du fossé et destiné à protéger le pont qui le franchissait. Ce ravelin est intéressant car il comporte de très nombreuses fenêtres de tir, dont on retrouve un écho dans des textes des années 1490-1510 (on nous parle d'arbalétrières). La reprise de la fouille au mois de mai a permis de dégager une partie du pont qui traversait le fossé du XVIIème siècle. Il est situé à l'extrémité nord-est de l'emprise de la fouille et a été largement endommagé par les réseaux contemporains. Visibles sur plusieurs documents iconographiques, il s'agit du pont enjambant le fossé bordant le bastion Saint Sébastien, au niveau de la porte du même nom. Les arches sont construites en briques, seul le départ de voûte est conservée.
Un aqueduc du XVIe s
Un aqueduc voûté construit en brique longe toute la paroi orientale de la fouille. Il semblerait qu'il prenne source à la « source Pairolière » et qu'il soit destiné à irriguer les jardins du palais du duc de Savoie. Il traverse les deux murs de bastion et longe la tour à l'est. Actuellement, seule la partie supérieure a été dégagée. Dans la partie nord de la fouille, au delà du mur du bastion Saint-Sébastien, un aménagement hydraulique a été observé. Il est probablement postérieur à la démolition de la fortification, au début du XVIIIème siècle. Cat aménagement est en cours de fouille, il prolonge l'aqueduc au delà du mur et se compose de "bassins chaulés" successifs. Ces vestiges sont la trace d'une occupation et d'une réutilisation des ouvrages détruits.
Des bâtiments du XVIIIe s
Plusieurs bâtiment se sont installés dans l'emprise du bastion et aux alentours de la tour après leur destruction en 1706. On notera notamment la présence d'un bâtiment présentant des sols de mortier qui peuvent faire penser à des cuves, à l'ouest, entre la tour et le Paillon. Les archives parlent de bains publics situés à cet endroit. La suite de la fouille permettra de vérifier cette hypothèse.
L'aménagement des boulevards et de la place Garibaldi
L'entreprise de démolition sous Louis XIV a surtout concerné les bastions. La différence de niveau entre la ville et l'espace en contrebas, anciennement hors les murs, a posé problème pendant plus d'un demi-siècle. À partir de 1782, est mis en oeuvre le projet de place Royale (piazza Vittoria) qui devient le point central de l'articulation entre la vieille ville et la nouvelle zone du port. Ainsi se crée la place Garibaldi, après des travaux considérables d'exhaussement et de remblaiement partiel du lit du Paillon. Un certain nombre de ces aménagements, niveaux de sol et murs de soutènement, scellent les niveaux anciens. Il semblerait même que l'arase du premier mur de bastion ait été aménagée avec des galets pour le boulevard menant à la place.