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Sous les piliers de l’église Saint-Philibert de Dijon (Côte-d’Or)
L’Inrap mène une fouille archéologique dans le cadre de travaux de reconnaissance de l’état sanitaire des fondations des piles de l’église Saint-Philibert. Les travaux de reconnaissance étant prévus jusqu’à 3 m de profondeur, la fouille a permis de mettre en évidence des vestiges s’étalant de l’Antiquité tardive à l’époque moderne.
L'église Saint-Philibert a subi d'importants désordres liés au stockage de sel aux XVIIIe-XIXe siècles. Au début des années 1970, une dalle chauffante en béton est posée dans l’église. Cette dernière a emprisonné le sel imprégné dans le sol qui, sous l’effet de la chaleur, est remonté par capillarité dans les piles. Malgré la démolition de la dalle et les différentes mesures prises afin de limiter l’impact du sel, les dégradations, notamment l’éclatement des pierres, se poursuivent.
Vue drone du premier sondage au pied d’une pile de la nef de l’église.
© Christophe Fouquin, Inrap
Vue d’ensemble par drone de l’opération conduite dans l’église Saint-Philibert de Dijon.
© Christophe Fouquin, Inrap
Sépulture en cours de fouille.
© Christophe Fouquin, Inrap
L’église actuelle et son cimetière
Située rue Michelet, à proximité de la cathédrale Saint-Bénigne de Dijon, l’église Saint-Philibert a été fondée dans la seconde moitié du XIIe siècle. Cette église romane a connu plusieurs remaniements et notamment les constructions suivantes : un porche du XVe siècle repris au XVIIe siècle, un clocher surmonté d’une imposante flèche du XVIe siècle et des chapelles latérales côté nord du XVIIIe siècle.
Plusieurs horizons chronologiques
Dans la nef, des inhumations en cercueil de bois, du XIVe au XVIIIe siècle, organisées selon des alignements est/ouest, ont été fouillées ; les derniers niveaux ont été arasés par la mise en place de la dalle en béton. Les défunts, presque que des adultes, étaient habillés ou enveloppés dans des linceuls et très peu d’objets ont été retrouvés dans les tombes hormis de rares monnaies et deux chapelets.
Dans le transept, un caveau, sans doute des XVe-XVIe siècles a été identifié. Dans celui-ci, les défunts, enfants et adultes, sont inhumés en cercueil, les ossements de chaque individu étant poussés sur les côtés pour laisser place au dernier décédé. La fondation du caveau (observée à environ 2 m 70 de profondeur) recoupe, à l’est, un ensemble de tombes à dalles qui peuvent être attribuées aux XIe-XIIIe siècles. Plusieurs horizons de cimetière se distinguent : l’un est contemporain de l’église actuelle tandis que l’autre serait antérieur.
Ensemble de sépultures du cimetière de l’époque moderne.
© Clarisse Couderc, Inrap
De l’An Mil au XIe siècle : des églises antérieures ?
L’existence d’une église antérieure à celle de la seconde moitié du XIIe siècle était connue grâce à la découverte en 1923 de vestiges notamment d’une abside estimée du XIe siècle. Plusieurs tombes à dalles situées autour de l’abside peuvent être rattachées au cimetière de cette église.
Tombe à dalles possiblement en lien avec l’église du XIe siècle.
© Clarisse Couderc, Inrap
Sous l’état du XIe siècle, deux murs situés perpendiculairement et construits en opus spicatum (arêtes de poisson), ont été découverts au niveau de la nef actuelle. Ce type de construction amène à penser qu'il s'agit de l’angle nord-ouest d’une première église fondée autour du Xe siècle. C’est la première fois qu’un état aussi ancien est mis en évidence.
Vue générale de la couverture d’une tombe à dalles possiblement du XIe siècle.
© Clarisse Couderc, Inrap
Vue d’ensemble du sondage 1 : à gauche et à droite se distinguent les murs correspondant à l’église de l’An Mil, coupés par l’installation de la pile de l’église actuelle.
© Clarisse Couderc, Inrap
Détail de l’appareil en opus spicatum d’un des murs de l’église de l’An Mil.
© Clarisse Couderc, Inrap
Des sarcophages en lien avec un/des édifices de la fin de l’Antiquité ?
Le sol de l’église de l’An Mil scelle la démolition d’un ou plusieurs bâtiments dont seuls deux murs parallèles, d’axe nord/sud, ont été retrouvés. Ces derniers servent d’appui à six sarcophages : deux, de l’époque mérovingienne (VIe-VIIIe siècles), sont installés sur les quatre autres, caractéristiques de l’Antiquité tardive dont un présentant un couvercle sculpté. En l’état de la recherche, ces sarcophages semblent placés, à l’intérieur, d’un ou de plusieurs bâtiments qui ont fonctionné entre la fin de l’Antiquité et le début du Moyen Âge.
Sarcophage mérovingien (VIe-VIIIe siècle) en calcaire, décoré sur ses côtés de deux bandeaux latéraux.
© Clarisse Couderc, Inrap
Vue d’ensemble des quatre sarcophages attribués à l’Antiquité tardive situés en bordure d’un mur d’axe nord/sud.
© Clarisse Couderc, Inrap
Détail du décor du couvercle d’un des sarcophages tardo-antique.
©Clarisse Couderc, Inrap
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne-Franche-Comté)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Clarisse Couderc, Inrap
Archéo-anthropologue : Carole Fossurier, Inrap