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Un habitat rural gaulois atypique à Palaiseau
Le projet d'aménagement du quartier Camille Claudel portant sur une superficie d'une quinzaine d'hectare au nord-est de l'École Polytechnique a entraîné la découverte d'un habitat rural qui couvre la seconde moitié du second âge du Fer.
La géomorphologie de ce versant du plateau de Saclay, situé à la limite des limons de plateau et des argiles à meulières, est marquée par d'importants phénomènes de colluvionnement, liés à l'érosion des sols, au sein desquels quelques artefacts de la période néolithique ont pu être collectés.
Menée par une équipe de l'Inrap sur 1,8 ha, la fouille a permis de mettre en évidence différents modules de constructions sur poteaux, qui prennent place dans un ensemble de fossés orientés suivant le pendage naturel du terrain. Ce mode d'occupation et de mise en valeur de l'espace rural diffère des formes d'habitat, généralement délimitées par des enclos, qui ont été reconnues jusqu'ici sur le secteur. Deux carrières d'extraction gallo-romaines, les traces d'un réseau viaire de la période moderne et des vestiges des fortifications de Paris édifiées et remaniées entre 1870 et 1914 ont également été identifiés.
Un habitat au milieu d'un terroir structuré dès La Tène moyenne
Seul un fossé transversal de faible puissance souligne la rupture de pente entre le plateau et le versant et délimite en amont l'espace à l'intérieur duquel sont implantés une dizaine de bâtiments édifiés sur 4 à plus de 12 poteaux, aux parois faites de torchis, qui reflètent des fonctions diverses : unité domestique, grange, remise, grenier...
Les objets de la vie quotidienne et les traces d'activité des populations de l'âge du Fer qui ont vécu dans ces constructions ont été rejetés dans les fosses adjacentes, les fossés périphériques ou encore les trous de poteaux eux-mêmes : certains remplissages, riches en céramique et en torchis brûlé témoignent d'une destruction par le feu.
Parmi le mobilier découvert, la coexistence de sept meules, à la fois va-et-vient et rotatives, témoignent de la vocation agricole de cet habitat dès la période de mutation que constitue la seconde moitié du IIIe siècle avant notre ère. Les prélèvements réalisés au cours de la fouille permettront de déterminer quelles céréales étaient cultivées et consommées par les occupants des lieux.
Une activité d'extraction du début de l'époque romaine ?
La première carrière, au nord-ouest, prend la forme de deux creusements continus à fond plat très régulier et aux bords verticaux : aucun accès aménagé n'a pu être reconnu lors de la fouille. Ses niveaux de comblement, disposés en couches horizontales, n'ont livré qu'une quantité réduite d'artefacts, ce qui indique qu'elle est restée ouverte sur une période de temps assez longue et s'est peu à peu remplie naturellement.
À l'inverse, la seconde a connu une histoire beaucoup plus complexe. À son origine se trouve sans doute le creusement d'un puits découvert au centre de la carrière. Plusieurs lobes d'extraction périphériques se développent ensuite, en se juxtaposant ou se recoupant. Certains d'entre eux, abandonnés, sont comblés volontairement par les déblais des creusements postérieurs ou utilisés en dépotoirs : le lobe situé à son extrémité sud a livré des quantités importantes de tessons de céramique du début de la période gallo-romaine.
Conclusion
La fouille de ce site fournit ainsi des données nouvelles qui complètent et interrogent notre vision de l'habitat rural de la fin de l'âge du Fer.