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Un nouveau sanctuaire gallo-romain à Estrées-Saint-Denis
Préalablement à la pose d'un gazoduc par GRT Gaz (opération Arc de Dierrey), traversant notamment le département de l'Oise, plusieurs équipes d'archéologues sont intervenues le long du futur tracé. C'est ainsi qu'un nouveau sanctuaire gallo-romain a été mis au jour sur la commune d'Estrées-Saint-Denis, localisé à environ 1,8 km du bourg actuel, au sommet d'une ancienne butte tertiaire dominant à 87 m d'altitude. Sur près d'un hectare, le site a révélé les vestiges d'un fanum associé à un théâtre, ainsi que ceux d'une vaste cour bordée d'une galerie de circulation, partie probable d'un enclos sacré.
Un temple gaulois et un fanum du Ier s. de notre ère
Par ailleurs, ce temple se situe au sein d'un espace sacré, le temenos, clôturé ici par un mur, le péribole. La fouille a démontré qu'un temple gaulois en bois (et en terre ?) précédait cet aménagement. Des vestiges de poteaux et d'éventuelles sablières ont été mis en évidence à l'emplacement même du fanum et du péribole. Les nombreuses monnaies retrouvées dans cet espace, ainsi que la céramique, indiquent que le lieu a été occupé dès le Ier s. avant notre ère. Outre un probable dépôt de fondation découvert à l'angle sud-ouest du temple gaulois, une fosse localisée entre celui-ci et le péribole originel a révélé notamment plusieurs fragments d'orle de bouclier, soulignant ainsi que des armes étaient entreposées, voire exposées, dans le temenos avant leur enfouissement ritualisé.
Le théâtre
De l'espace scénique subsistent les fondations des murs soutenant le plateau de scène, qui fait face à l'orchestra (demi-cercle au centre des gradins), la partie monumentale la mieux préservée et la plus remarquable. Cet hémicycle de 16 m de diamètre est souligné par de grandes dalles de grès et de calcaire constituant alors deux marches. Celles-ci permettaient vraisemblablement de recevoir les sièges attribués aux personnages importants de la localité souhaitant ainsi assister aux discours et autres spectacles qui se jouaient dans ce lieu. Derrière eux s'installaient les autres spectateurs, certainement assis sur des gradins en bois. Cet espace composant la cavea s'élevait sur une butte de remblais dont la hauteur sera difficile à restituer. La superficie de ce théâtre est estimée à environ 1 814 m2. Construit dans le courant du Ier s. avant notre ère, il ne semble pas avoir perduré au-delà du IIe s. Cette datation demande toutefois à être affinée par les études en cours.
Les vestiges d'un enclos sacré ?
Elisabeth Justome
chargée de développement culturel et de communication
Inrap, direction interrégionale Nord-Picardie
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