L’entrée d’une grotte
Le remplissage de cette cavité (aven) se présente en surface sous la forme d’une anomalie sédimentaire gris-brun de plan approximativement rectangulaire de 4,5 m par 3 m, se distinguant nettement du substrat environnant plus clair. Présente au milieu d’un ensemble très dense de terriers, elle s’est révélée être la trémie (cône d’éboulis) d’un aven qui donne accès plus ou moins verticalement, à 2,5 m de profondeur, à une salle basse au sol argileux. Celle-ci fait partie d’un réseau karstique plus vaste dont dépend la grotte du Mas des Caves, site paléontologique de première importance situé à 500 m à l’est de la fouille et qui a révélé une faune très riche du Pléistocène moyen (il y a environ 450 000 ans).
L’entrée de l’aven a été colmatée volontairement à l’aide de gros blocs de calcaire, de galets et de terre limoneuse. Deux tessons de céramique non tournée ainsi que des ossements humains et animaux ont été récoltés. Ils étaient dispersés sur toute la hauteur du remplissage. Ces éléments proviennent pour l’essentiel d’une sépulture néolithique soutirée par l’aven et indiquent également la présence possible d’autres aménagements humains non identifiés à l’extérieur de la cavité.
Plus bas, la cavité est étroite et presque entièrement colmatée par des argiles rouges à gros blocs calcaires. Le vide sous la voûte atteint près de 80 cm à proximité de l’entrée, puis se réduit rapidement. Aucun dépôt pléistocène n’a été repéré dans ce contexte. Seuls quelques ossements provenant des niveaux sus-jacents ont été trouvés. Ils ont été dispersés dans la cavité par le ruissellement des eaux de pluie provenant de l’entrée, qui circulent épisodiquement et entaillent les argiles.
Une sépulture du Néolithique ancien
La sépulture est creusée dans des sables limoneux beiges à graviers et coquilles, qui recouvrent les calcaires compacts burdigaliens dans lesquels s’ouvre la cavité karstique. Elle est délimitée par quelques pierres de tailles moyennes, qui forment une sorte de coffre de 2 m sur 1 m contenant le dépôt sépulcral. La partie sud de cet aménagement empiète sur le remplissage de la trémie de l’aven. Trois pierres volumineuses, fichées de chant, qui fermaient le coffre au sud, se trouvent exactement à l’aplomb du soutirage.
Au moins quatre individus ont été déposés dans cet espace. Il s’agit de trois adultes et d’un jeune enfant. Les ossements demeurés en connexion anatomique de l’un des adultes indiquent qu’il a été placé en décubitus, tête au nord. Pour les autres défunts, la disposition des restes ne permet pas de définir la position initiale des corps. Deux phases d’inhumations ont été distinguées, qui induisent que le coffre demeurait accessible. Les restes osseux ne portant pas de traces d’exposition à l’air libre, il faut restituer l’existence d’un dispositif de fermeture de la tombe. De même, des interventions successives, espacées dans le temps, supposent une visibilité de la structure dans le paysage.
Les datations par le radiocarbone situent les inhumations entre 5210 et 4990 avant notre ère. Les quelques objets accompagnant les ossements correspondent d’ailleurs aux productions du Néolithique ancien. Il s’agit de trois armatures tranchantes peu retouchées, de deux perles plates en coquillage et de deux poinçons en os associés à un test de moule porteur de traces d’utilisation.
Le site de l’Aven de Montel a livré les restes de dispositifs funéraires en lien topographique avec une cavité souterraine. Le colmatage volontaire de l’accès au karst avant l’aménagement de la sépulture pourrait montrer un lien assumé entre les morts et le monde souterrain. Les grottes sépulcrales sont connues pour des périodes plus récentes du Néolithique. L’Aven de Montel constituerait un exemple rarissime et plus ancien associant sépulture extérieure et aven.