A Marseille, Bouches-du-Rhône, l'aménagement concernait une superficie de 2 000 m2 : 1 600 m2 stériles résultants de l'arasement d'une colline au XIXe siècle, 400 m2 de vestiges en place sous d'épais remblais industriels du XIXe siècle.

Dernière modification
10 mai 2016


Un diagnostic fut mené par Manuel Moliner en janvier 2000. Il fut suivis d'une fouille de 4 mois, prolongée de 4 mois, les découvertes s'étant révélées exceptionnelles. Anne Richier et Renaud Lisfranc (Inrap) ont conduit la fouille des sépultures et 50 amphores ont été prélevées pour une étude en laboratoire.

Une dépose exhaustive des tombes, des sarcophages et de la memoria avec moulages des murs ont été réalisé, pour un projet de reconstitution du site à l'identique dans un espace ouvert au public.

Le site archéologique de la rue Malaval correspond à l'emplacement de sépultures signalées dès la fin du XIXe siècle sous l'appellation de nécropole du Lazaret. 228 sépultures ont été découvertes. Hommes, femmes et jeunes étaient inhumés dans des sarcophages, comprenant parfois plusieurs individus, ou dans des tombes en bâtières, des cercueils ou des fosses ; les jeunes enfants pouvaient être déposés dans des amphores.
 
Mais la véritable surprise a été la mise au jour, sur près de 400 m2, des vestiges d'une église funéraire orientée à nef unique de grandes dimensions dotée d'une abside semi-circulaire. Ce grand édifice (plus de 35 x 16,50 m), daté sans doute du début du Ve siècle, est totalement inédit dans le secteur de la nécropole périurbaine de la ville de Massalia. Fait remarquable, l'occupation funéraire dans la partie orientale du site se traduit par une formidable tumulatio ad sanctos de près de 50 sarcophages et tombes sous tuiles, organisés autour d'une sépulture privilégiée. Celle-ci, installée dans le choeur, est composée de deux tombes entourées de quatre chancels de marbre, dont deux sont en marbre blanc à décor d'écailles.
 
La base de l'autel, au centre de l'abside, et, sous cette dernière, un coffre de pierre destiné à recevoir des reliques (disparues) témoignent d'aménagements liturgiques in situ, très tôt pour l'époque chrétienne. Des conduits de bronze permettant le versement d'un liquide dans les tombes vénérées et sa récupération attestent peut-être un système de production de liquide sanctifié. Ces pratiques liturgiques inédites constituent un témoignage capital pour l'étude des débuts du christianisme en Occident. Le mobilier funéraire est extrêmement rare, des fragments d'inscriptions, dont une complète, ne lèvent que partiellement l'anonymat qui entoure ces défunts. Ces éléments novateurs, tout comme l'identification en cours de cet édifice, participent à une nouvelle lecture de la topographie religieuse et des usages funéraires des premiers temps chrétiens à Marseille et en Provence : le site pourrait être contemporain de l'édifice primitif de Saint-Victor.