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2000 ans d'histoire d'un quartier rémois : les fouilles de la rue Saint-Symphorien
L'emprise du chantier s'étendait sur une superficie de 500 m², où l'accumulation des couches archéologiques, de plus de 5 m d'épaisseur, ont révélé une occupation continue depuis le Ier siècle avant notre ère.
Chronique de site
Date de publication
01 janvier 2007
Dernière modification
19 février 2016
Cette fouille s'est déroulée à l'occasion d'un projet immobilier réalisé par la société A3C. La parcelle se trouve à l'angle sud-est du forum de la ville gallo-romaine. Au début du IVe siècle de notre ère, une église est érigée sur la parcelle voisine au sud. Cette église, première cathédrale, est le siège archiépiscopal rémois jusqu'à la fin du IVe siècle. Au VIIe siècle, elle prend le nom de Saint-Symphorien. Contre cet édifice, à l'emplacement de la fouille, le cloître des chanoines du chapitre de Saint-Symphorien existe au moins depuis le XIIIe siècle.
Une demeure de prestige
Les niveaux stratigraphiques les plus anciens datent du Ier siècle avant notre ère.
Des premières années du règne d'Auguste (de 27 à 5 avant notre ère) seules quelques constructions en bois sur sablières et poteaux ont été mises au jour. En revanche, à partir du Ier siècle de notre ère, les premières constructions en pierre apparaissent. C'est le cas d'un grand édifice d'au moins 500 m2 comprenant une pièce de réception de près de 60 m2, décorée d'une mosaïque noire et blanche à décor géométrique. Des enduits peints sont encore visibles sur le bas des murs, dont certains sont conservés sur plus de 2 m d'élévation. La maison est chauffée par un système de chauffage par le sol (hypocauste). Le statut de cette habitation reste à définir : domus très luxueuse ou schola (bâtiment corporatif). L'incendie qui la ravage, à la fin du Ier siècle, apporte des éléments de réponse aux archéologues.
Des premières années du règne d'Auguste (de 27 à 5 avant notre ère) seules quelques constructions en bois sur sablières et poteaux ont été mises au jour. En revanche, à partir du Ier siècle de notre ère, les premières constructions en pierre apparaissent. C'est le cas d'un grand édifice d'au moins 500 m2 comprenant une pièce de réception de près de 60 m2, décorée d'une mosaïque noire et blanche à décor géométrique. Des enduits peints sont encore visibles sur le bas des murs, dont certains sont conservés sur plus de 2 m d'élévation. La maison est chauffée par un système de chauffage par le sol (hypocauste). Le statut de cette habitation reste à définir : domus très luxueuse ou schola (bâtiment corporatif). L'incendie qui la ravage, à la fin du Ier siècle, apporte des éléments de réponse aux archéologues.
Un instantané fossilisé de la vie quotidienne
L'autre cave, de construction plus soignée, ne semble pas avoir été destinée au stockage. Quatre dépôts ont été faits volontairement dans des fosses, au pied des murs. Il s'agit de vases imbriqués les uns dans les autres, enfouis à des profondeurs variables. Ces gestes semblent témoigner d'une pratique cultuelle.
L'incendie remodèle profondément la physionomie de cette demeure au iie siècle puisque les espaces libérés par le remblaiement des caves sont aménagés : des thermes sont construits, la taille des pièces diminue alors que les espaces extérieurs gagnent en superficie.
Un bâti gallo-romain dense
Au IIe siècle de notre ère la parcelle est complètement réorganisée. Sur les vestiges de la domus du Ier siècle, un bâtiment thermal prend place. Il comporte une salle absidiale sur hypocauste doté probablement d'un bassin et d'autres salles assez vastes et également chauffées par hypocauste.
Une occupation du haut Moyen Âge qui reste à définir
Des vestiges du haut Moyen Âge ont été découverts sporadiquement sur le chantier. Ce sont principalement des fosses dépotoirs qui ont la particularité de contenir beaucoup d'objets archéologiques. Ceux de cette époque, rarement découverts à Reims, nous permettent de mieux imaginer le quotidien des populations urbaines mérovingiennes et carolingiennes. Il semble que les mérovingiens se soient installés dans les bâtiments thermaux érigés aux IIe et IIIe siècles, encore en élévation au Ve-VIe siècles.
L'église et le cloître Saint-Symphorien
De l'église Saint-Symphorien, seul le mur nord de la nef qui sert encore de fondation au mur de parcelle actuel a été mis au jour. Lors de la destruction de l'église et du cloître en 1795, le mur de clôture visible aujourd'hui a été reconstruit avec des fragments architecturaux provenant de ces édifices. Lors de la fouille, de nombreux éléments de chapiteaux et de colonnes du XIIIe siècle ont été exhumés, ainsi que plusieurs éléments de statuaire, dont une très belle tête polychrome intacte.
Du cloître, en forme de U tourné vers l'église, seuls les couloirs ouest et nord ont été retrouvés. La galerie, dont le mur externe est conservé sur plus d'un mètre de haut, entourait un jardin. Dans le couloir du cloître, plusieurs dizaines de sépultures de chanoines ont été fouillées.
Les vestiges d'un très grand four à chaux marquent une période de reconstruction et d'amélioration des bâtiments ecclésiastiques.
Des maisons, appartenant aux chanoines, ont été mises au jour entre la rue Saint-Symphorien et le cloître.
Du cloître, en forme de U tourné vers l'église, seuls les couloirs ouest et nord ont été retrouvés. La galerie, dont le mur externe est conservé sur plus d'un mètre de haut, entourait un jardin. Dans le couloir du cloître, plusieurs dizaines de sépultures de chanoines ont été fouillées.
Les vestiges d'un très grand four à chaux marquent une période de reconstruction et d'amélioration des bâtiments ecclésiastiques.
Des maisons, appartenant aux chanoines, ont été mises au jour entre la rue Saint-Symphorien et le cloître.
L'évolution d'un quartier pendant 2000 ans
Cette opération archéologique permet aux chercheurs de l'Inrap de retracer l'histoire d'un quartier occupé dès l'époque gauloise. Pendant l'Antiquité, des habitations luxueuses sont érigées à cet emplacement et perdurent certainement jusqu'au début de la période paléochrétienne. À cette époque, le lieu passe du monde profane au monde religieux. C'est en effet très vraisemblablement dès le IVe siècle que les ecclésiastiques rémois ont acquis ces terrains pour y édifier une église et plus tard un cloître. La vocation religieuse du lieu a continué jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. C'est ici, pour les archéologues, l'occasion d'étudier les particularités de l'occupation religieuse sur une durée de 1500 ans.
Dépose de la mosaïque. Reims, Saint Symphorien
© G. Gellert / Inrap
Récipient en bronze. Reims, Saint Symphorien
© G. Gellert / Inrap
Coupe à boire. Reims, Saint Symphorien
© G. Gellert / Inrap
Amphore vinaire d'importation. Reims, Saint Symphorien
© G. Gellert/Inrap
Plateau avec de petits pains carbonisés. Reims, Saint Symphorien.
© G. Gellert / Inrap
Petit pain antique carbonisé. Reims, Saint Symphorien
© G. Gellert / Inrap
Aménagement : Société A3C
Prescription et contrôle scientifique : DRAC Champagne-Ardenne
Archéologue responsable d'opération : Stéphane Sindonino, Inrap
Suivi scientifique et technique : Agnès Balmelle, Inrap