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4, rue de la Convention
A Besançon, Doubs, l'aménagement de la cave d'un des rares édifices civils médiévaux de Besançon, signalé par une façade ornée de surprenants grands arcs brisés, a justifié une fouille de sauvetage, initiée et financée par le Service régional d'archéologie de Franche-Comté.
Le projet affectait en effet à la fois le sous-sol et le rez-de-chaussée de la propriété, impliquant déblaiement et modifications ponctuelles du bâti. L'opération archéologique a permis de réaliser une surveillance ponctuelle au fur et à mesure de l'avancement des travaux ainsi qu'une intervention continue de quinze jours.
Compte tenu des impératifs de stabilité de l'édifice et de l'encombrement des lieux en cours de travaux, huit sondages de surface très réduite ont été ouverts. Ils avaient pour but de contrôler l'état des fondations, les liaisons entre maçonneries, et de rechercher d'éventuels sols. Ils ont mis en évidence la présence de vestiges très arasés de la cave d'un bâtiment gallo-romain sans liaison avec les élévations postérieures. Celles-ci ne constituent pas un ensemble homogène mais sont le résultat de différents aménagements lors d'états successifs.
État 1
Une partie des murs de la cave actuelle est constituée d'une maçonnerie en petit appareil de moellons équarris, dont certains sont posés en arête-de-poisson. Ces murs, aujourd'hui enterrés, constituent les vestiges du rez-de-chaussée et du premier étage d'un édifice pouvant être daté entre le haut Moyen Âge (Ve-Xe siècles) et le XIe siècle. Aucun sol contemporain n'est conservé, les caves actuelles étant excavées légèrement plus profondément. On peut noter que le mur s'interrompt au droit de la limite (théorique) du cardo antique.
État 2
Les murs de l'état 1 sont prolongés pour former une construction quadrangulaire, accessible par la cour à l'arrière du bâtiment et pourvue, du côté de la rue, d'un espace voûté en berceau d'une grande qualité de construction. La présence d'une baie ouvrant sur la cour permet d'interpréter cet édifice comme un cellier semi-enterré et plafonné. À cette phase pourrait correspondre la façade ornée de grands arcs, dont les chapiteaux sont datables du XIIIe siècle. L'extension de l'espace vers la rue montre comment l'axe rectiligne du cardo antique a peu à peu cédé la place au tracé sinueux de la Grande Rue, par empiètements successifs de l'habitat privé sur le domaine public.
État 3
Des voûtes d'arêtes supportées par des colonnes viennent remplacer l'ancien plafond qui reposait sur des corbeaux de pierre. Les bases polygonales des colonnes permettent de dater cet état de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe siècle.
État 4
À l'époque moderne, la cave, alors complètement enterrée, est coupée en deux propriétés distinctes par un mur qui englobe les colonnes. Chaque cave est desservie par un escalier accessible par la rue. Les grands arcs de la façade sont murés et percés de baies datées du XVIe au XVIIIe siècle.