A Aougny, Marne, sur la commune d'Aougny, au lieu-dit Bois de la Vente, trois opérations distinctes ont été conduites.

Dernière modification
10 mai 2016

Bois de la Vente (Néolithique) Cette opération de fouille fait suite à un diagnostic archéologique effectué en 2001, où avaient été mise au jour une trentaine de silex taillés. Il a rapidement été décidé d'intervenir pendant une journée pour tester la validité archéologique de cette découverte.

Le bilan de cette intervention est explicite : 2 m2 fouillés manuellement et près de 350 pièces lithiques découvertes, attribuables au Néolithique au sens large. L'ensemble de cette occupation a donc été fouillé : 1 243 m2 au total, pour 9 927 pièces mises au jour, pesant plus de 90 kg. Le mobilier lithique, distribué sur une trentaine de centimètres d'épaisseur, est retrouvé sans position préférentielle, sous l'action des racines et des animaux fouisseurs de la forêt, qui a fortement perturbé la disposition initiale des pièces. 


Du point de vue fonctionnel, la très faible représentation des outils, nucléus et pièces techniques, les très nombreux éclats sans ou presque sans cortex et les quelques remontages nous conduisent à penser à une seule et même occupation : une aire destinée à la préparation et au façonnage de pièces bifaciales, tout au moins dans les premières étapes de fabrication. La totalité de la chaîne opératoire n'est pas représentée sur le site : aucune plaquette brute ni hache taillée en cours de régularisation n'a été découverte. Seules existent les phases intermédiaires de préparation des plaquettes aménagées et probablement les prémices du façonnage bifacial. Un des problèmes principaux concerne le lieu d'approvisionnement en matière première, et les sondages profonds réalisés à proximité n'ont pas permis de mettre en évidence l'existence d'une minière proche ; pourtant, dans 90 % des cas des minières néolithiques connues, les ateliers de taille sont établis autour ou sur les structures d'extraction. La difficulté récurrente de ce type d'occupation réside dans son attribution chronologique. Aucune aide ne peut venir d'une datation au carbone 14 puisque le site se trouve pollué par des charbons de bois de toutes périodes. L'attribution chronologique repose donc uniquement sur le mobilier lithique : l'association entre les haches polies en silex, les rares outils, les très nombreux éclats de mise en forme et de façonnage plaident pour une homogénéité de l'occupation et une attribution chronologique vers la fin du Néolithique. Bois de la Vente (Paléolithique) Lors des sondages du site Bois de la Vente, destinés à répondre à la question de l'approvisionnement en matière première du site Néolithique, un plaquage limoneux de quelques mètres d'épaisseur a été observé avec, dans deux des six sondages, vers 1,6-1,8 m de profondeur, un petit horizon de sol paléolithique de 0,2 m d'épaisseur très chargé en nodules millimétriques d'oxydes. C'est là qu'a été découvert un éclat de silex taillé. L'ensemble des sondages montre en partie supérieure un horizon de sol holocène bioturbé, mais qui n'a jamais été labouré. Cette découverte, exceptionnelle dans le département de la Marne, a conduit, dans un premier temps, à la mise en place d'un sondage profond en paliers pour observer plus en détail la stratigraphie, et dans un second temps, à intervenir plus lourdement sur l'ensemble du plaquage limoneux menacé par les travaux. Le mobilier récolté est très pauvre et, mis à part l'éclat découvert dans le sondage profond lors du diagnostic, ce sont seulement 7 autres pièces qui ont été découvertes. La première remarque est la grande diversité des pièces, par leurs dimensions, la matière première (type de silex) et leur aspect physique. L'intervention archéologique sur ce site a permis la mise en évidence de quelques pièces lithiques attribuables au Paléolithique moyen. Deux types de débitage sont décelés, un débitage Levallois récurrent et un débitage laminaire. L'étude de la stratigraphie quaternaire permet de penser que les hommes de Neandertal ont fréquenté ce site à un moment où la végétation était caractéristique de la steppe. Mais il semble exclu, vu la très grande variation du mobilier lithique, qu'il n'y ait qu'une seule occupation en place ; il s'agit plutôt de plusieurs occupations démantelées et déplacées avec les colluvions. Malgré la pauvreté du mobilier découvert, la stratigraphie mise au jour à Aougny est, dès à présent, un jalon important en ce qui concerne la connaissance du paléoenvironnement du Weichsélien (entre -120 000 et -10 000 ans) dans le département de la Marne. Il est fort probable que, dans les années à venir, d'autres découvertes de sites de plein air viendront combler le quasi-vide archéologique qui caractérise les périodes anciennes de la Préhistoire dans le Tardenois. Bois de la Vente Est Des structures gallo-romaines ont été mises au jour au lieu-dit Bois de la vente Est. Elles correspondent à des réseaux de fossés, un bâtiment, et d'autres structures liées à l'habitat (empierrements, amas de tuiles, fossés de drainage). Habitat et structures de drainage appartiennent vraisemblablement à une même phase d'occupation, tandis que la phase d'abandon et de destruction du site est matérialisée par les amas de tuiles. L'ensemble du matériel est datable de la seconde moitié du Ier siècle et du début du IIe siècle de notre ère. La céramique commune y est majoritaire et particulièrement celle à revêtement noir fumigé. On notera l'absence de céramique grise craquelée et la présence de fragments de sigillées du centre de la Gaule pour étayer cette datation. Aucune fonction ne peut être rattachée avec certitude à ce bâtiment qui est sans doute dépendant d'une exploitation agricole de plus grandes dimensions.