A Luppy, Moselle, les travaux de la LGV Est ont permis la réalisation d'une fouille.

Chronique de site
Dernière modification
10 mai 2016

La fouille, située à 20 km au sud-est de Metz, sur un axe majeur de voirie antique qui part de la vallée de la Moselle, à Metz (Divodorum Mediomatricorum), pour traverser les vallées de la Seille et de la Sarre et rejoindre la vallée et Strasbourg (Argentorate) après avoir franchi les Vosges vers Saverne.

On peut faire remonter son existence déjà à l'époque du Hallstatt, alors que les sites des îlots de briquetage de la Seille produisaient du sel en grandes quantités, alimentant Metz, le chef-lieu de cité, ainsi que les populations de la vallée de la Moselle.

La voie, régularisée à l'époque romaine en tronçons empierrés et rectilignes, n'a pas été délaissée à la fin de l'Antiquité puisqu'elle a été utilisée en tant que chemin saunier pour le commerce du sel de la Seille transporté vers le pays messin et vers Trèves, et ce dès le haut Moyen Âge et durant tout le Moyen Âge, comme le confirment les résultats de cette fouille. Elle a certainement été abandonnée vers la fin du XVIIe siècle après la construction d'une nouvelle route royale passant plus à l'ouest sur le territoire communal de Solgne.

La voie proprement dite a été mise au jour sur 60 m de long ; elle est constituée par un espace de circulation aménagé en plusieurs phases, délimité par des fossés latéraux d'emprise de voirie. Le dernier état de voirie est présent sur le site forestier à l'état fossile.

L'axe de circulation est approximativement nord-sud et aborde de biais un versant argileux de faible amplitude. Il est large d'environ 22 m entre deux fossés latéraux d'emprise destinés à limiter l'empiétement latéral. Cette largeur correspond à environ 75 pieds romains.

Trois bandes de circulations distinctes et parallèles ont pu être différenciées par leur nature d'empierrement et en coupe. Dans la partie centrale, une voie empierrée de galets correspond à un état initial de construction, sur une largeur de 7,50 m. Elle est recouverte par un radier de blocs calcaires situé à la base d'un rehaussement de graviers calcaires compactés formant un agger, qui correspond à un deuxième état encore en élévation, sur une largeur de 4 à 5 m. Sur la partie est, un sol aplani faiblement empierré correspond à une piste latérale large d'environ 4 m, bordée à l'est par un fossé d'emprise large de 1,50 m et profond de 0,80 à 1 m. Sur la partie ouest, un sol légèrement bombé, empierré de galets et avec des traces d'orniérage, correspond à un chemin latéral à chariots large d'environ 4 à 5 m.

Ces trois structures de circulation sont attribuables à l'époque gallo-romaine (fragments de tuiles romaines et d'amphores, petit mobilier en bronze) avec des niveaux initiaux attribuables au Haut-Empire et des réaménagements de voirie du Bas-Empire.

Enfin, la voie centrale dans son dernier état a été fréquentée au Moyen Âge (présence de fers à cheval datables du XIe au XVIe siècle) et un chemin creux à deux ornières, large de 2 à 3 m, a été aménagé au cours de la période médiévale pour le charroi, sur le côté ouest du talus de la voie centrale antique.