Vous êtes ici
Découverte d’un ensemble thermal monumental à Saint-Jean d’Angély (Charente-Maritime)
À Saint-Jean-d'Angély, l'Inrap a mis au jour les vestiges d'un ensemble thermal antique d'une taille et d'un luxe inattendus.
Une équipe d’archéologues de l’Inrap mène actuellement des recherches à l’ouest de la ville de Saint-Jean d’Angély en Charente-Maritime. Cette fouille prescrite par l’État (DRAC Nouvelle-Aquitaine) dans le cadre du projet de construction d’une maison individuelle en bordure de la Boutonne couvre une surface de 550 m² . Elle révèle les vestiges d’un établissement thermal antique. La fouille intervient alors que la ville, déjà reconnue pour son « eau minérale », prépare l'implantation d'une station thermale.
Vue du quartier rue Lacoue, Saint-Jean-d'Angély
R. Bernard, Inrap
Vue du site 1 de Saint-Jean-d'Angély, rue Lacoue.
R. Bernard, Inrap
Vue du site 2 de Saint-Jean-d'Angély, rue Lacoue.
R. Bernard, Inrap
Vue générale du site de Saint-Jean-d'Angély, rue Lacoue.
R. Bernard, Inrap
Vue générale du site de Saint-Jean-d'Angély.
Sandrine Renaud, Inrap
Un établissement thermal monumental
Saint-Jean d’Angély se situe à 30 km de Mediolanum (Saintes), capitale de la province d’Aquitaine au Ier siècle de notre ère. Des vestiges antiques y avaient été reconnus dès le XIXe siècle à quelques centaines de mètres au nord de la parcelle aujourd’hui fouillée mais aucune autre donnée précise n’existait sur l’implantation gallo-romaine de Saint-Jean d’Angély. Les archéologues de l’Inrap mettent actuellement au jour la partie sud d’un ensemble thermal imposant, qui appartenait probablement à une villa très luxueuse.
Colonne cannelée gallo-romaine abandonnée.
Sandrine Renaud, Inrap
Colonne cannelée gallo-romaine.
Sandrine Renaud, Inrap
Un travail préparatoire considérable a été réalisé à l’époque gallo-romaine afin d’aplanir et d’assainir les terrains instables à l'aide de cailloutis compacté. L’ensemble thermal vient ainsi s’établir sur un remblai d'une épaisseur de 0,80 m. La fouille livre quatre pièces dont une à abside de 20 m² correspondant à une piscine profonde de 0,50 m. Les sols sont réalisés en tuileau, celui de la piscine était pourvu de dalles calcaires.
Hérisson et sol de tuileau.
Sandrine Renaud, Inrap
Muret du chemin et l'abside en arrière plan.
Sandrine Renaud, Inrap
Sol et remblai.
Sandrine Renaud, Inrap
Le registre décoratif de l’ensemble est constitué d’une grande variété de marbres blancs et veinés des Pyrénées et d’importation. Des enduits peints colorés aux motifs géométriques et végétaux viennent compléter ce corpus. Peu de mobilier – marqueur chronologique – a été retrouvé.
Échantillonnage des différents marbres utilisés en revêtement des murs sur le site à l’époque romaine.
S. Vacher, Inrap
Abandon et évolution du site monumental
Après la période antique, le site est abandonné et ne sera ré-utilisé qu’à partir du XIe-XIIe siècle. Il a fait l’objet d’un programme de démolition planifié. En effet, les matériaux de construction sont débarrassés de leur joint et enduit de mortier et sont récupérés. Ces résidus de joints et de mortiers forment une couche d’un mètre, sur un espace bien délimité, en dehors des bâtiments démantelés.
Chemin post-médiéval.
Sandrine Renaud, Inrap
Chemin post-médiéval comportant 0,8 m de recharges successives.
Sandrine Renaud, Inrap
Structure en relation avec la phase de réemploi des matériaux.
Sandrine Renaud, Inrap
La découverte de ce site va considérablement faire évoluer la connaissance sur Saint-Jean d’Angély à l’époque gallo-romaine. Était-ce un relais routier ? Pourquoi une villa aussi riche ? Quel était son statut au Haut-Empire ? Quelle est la durée d’occupation de cette villa ? Beaucoup de questions qui trouveront peut-être réponse à l’issue de la fouille et des recherches en laboratoire.
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Nouvelle-Aquitaine)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Didier Rigal, Inrap