À Saint-Jean-d'Angély, l'Inrap a mis au jour les vestiges d'un ensemble thermal antique d'une taille et d'un luxe inattendus. 

Dernière modification
22 février 2021

Une équipe d’archéologues de l’Inrap mène actuellement des recherches à l’ouest de la ville de Saint-Jean d’Angély en Charente-Maritime. Cette fouille prescrite par l’État (DRAC Nouvelle-Aquitaine) dans le cadre du projet de construction d’une maison individuelle en bordure de la Boutonne couvre une surface de 550 m² . Elle révèle les vestiges d’un établissement thermal antique. La fouille intervient alors que la ville, déjà reconnue pour son « eau minérale », prépare l'implantation d'une station thermale.

Un établissement thermal monumental 

Saint-Jean d’Angély se situe à 30 km de Mediolanum (Saintes), capitale de la province d’Aquitaine au Ier siècle de notre ère. Des vestiges antiques y avaient été reconnus dès le XIXe siècle à quelques centaines de mètres au nord de la parcelle aujourd’hui fouillée mais aucune autre donnée précise n’existait sur l’implantation gallo-romaine de Saint-Jean d’Angély. Les archéologues de l’Inrap mettent actuellement au jour la partie sud d’un ensemble thermal imposant, qui appartenait probablement à une villa très luxueuse.

Un travail préparatoire considérable a été réalisé à l’époque gallo-romaine afin d’aplanir et d’assainir les terrains instables à l'aide de cailloutis compacté. L’ensemble thermal vient ainsi s’établir sur un remblai d'une épaisseur de 0,80 m. La fouille livre quatre pièces dont une à abside de 20 m² correspondant à une piscine profonde de 0,50 m. Les sols sont réalisés en tuileau, celui de la piscine était pourvu de dalles calcaires.

Le registre décoratif de l’ensemble est constitué d’une grande variété de marbres blancs et veinés des Pyrénées et d’importation. Des enduits peints colorés aux motifs géométriques et végétaux viennent compléter ce corpus. Peu de mobilier – marqueur chronologique – a été retrouvé.

Échantillonnage des différents marbres utilisés en revêtement des murs sur le site à l’époque romaine.

Échantillonnage des différents marbres utilisés en revêtement des murs sur le site à l’époque romaine. 

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S. Vacher, Inrap

Abandon et évolution du site monumental

Après la période antique, le site est abandonné et ne sera ré-utilisé qu’à partir du XIe-XIIe siècle. Il a fait l’objet d’un programme de démolition planifié. En effet, les matériaux de construction sont débarrassés de leur joint et enduit de mortier et sont récupérés. Ces résidus de joints et de mortiers forment une couche d’un mètre, sur un espace bien délimité, en dehors des bâtiments démantelés.

La découverte de ce site va considérablement faire évoluer la connaissance sur Saint-Jean d’Angély à l’époque gallo-romaine. Était-ce un relais routier ? Pourquoi une villa aussi riche ? Quel était son statut au Haut-Empire ? Quelle est la durée d’occupation de cette villa ? Beaucoup de questions qui trouveront peut-être réponse à l’issue de la fouille et des recherches en laboratoire.

Aménagement : Privé
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Nouvelle-Aquitaine)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Didier Rigal, Inrap