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Des bâtiments antiques à Penta-di-Casinca (Haute-Corse)
À Penta-Di-Casinca, sur prescription de la Drac de Corse, l’Inrap a mis au jour les vestiges de bâtiments datés entre le Ier et le Ve siècles après J.-C, révélant de nouveaux éléments sur l’occupation de la plaine littorale orientale, en périphérie de l’agglomération antique de Mariana.
Un ensemble bâti d’envergure
Située à un kilomètre au nord du fleuve Fium’Alto et à deux kilomètres à l’ouest de la mer, la fouille réalisée sur 367 m² au lieu-dit Musoleo a révélé deux bâtiments antiques datés des Ier-Ve siècles après J.-C.
Le premier édifice dispose de murs maçonnées composé de galets liés au mortier. Il renferme une structure circulaire, maçonnée, rattachée à un couloir en briques, laissant penser à une structure de chauffe dont la vocation reste à déterminer. Il s’étend probablement en dehors de l’emprise de la fouille,
Du second bâtiment il ne reste que les premières assises de fondation des murs constituées de poudingues (blocs de gros galets). Il semble également se poursuivre en dehors de l’emprise. Pour l’instant, aucun niveau de fonctionnement, ni structures liées à l’utilisation du bâtiment n’ayant été mises au jour, sa fonction reste indéterminée.
Cet ensemble se distingue par la qualité de ses structures. Les archéologues ont notamment découvert plusieurs canalisations permettant le captage et le traitement des eaux usées. Au centre de l’emprise, trois caniveaux ont été mis au jour. Deux, construits en briques et tuiles, semblent fonctionner avec le premier bâtiment tandis qu’un troisième caniveau parcourant la totalité de l’emprise de fouille les recoupe. Il se distingue par les matériaux de constructions employés : ses parois sont composées de briques et il est recouvert de dalles de schistes massives. Ces ouvrages témoignent de l’attention portée à l’eau par les occupants et de leur niveau de vie.
Étude des structures hydrauliques.
© Vincent Duménil, Inrap
Manon Mary, responsable de la fouille archéologique, photographie la coupe d'un second caniveau mis au jour au cours de l'opération.
© Vincent Duménil, Inrap
Fragments de meules (?) réutilisés au sein de la canalisation.
© Manon Marsy, Inrap
Traces de pas d'un petit sanglier ou cochon domestique sur une tegula (tuile en terre cuite) utilisée pour réaliser le caniveau central.
© Vincent Duménil, Inrap
Traces de pas d'un petit sanglier ou cochon domestique sur une tegula (tuile en terre cuite) utilisée pour réaliser le caniveau central.
© Vincent Duménil, Inrap
Fouille et étude en coupe du caniveau mis au jour à Penta-di-Casinca.
© Vincent Duménil, Inrap
Un territoire petit à petit révélé
Penta-Di-Casinca et sa région possèdent un fort potentiel archéologique. Par le passé plusieurs occupations ont été identifiées et en 1972, un sondage réalisé à proximité de l'emprise de fouille livrait les vestiges d’un bâtiment et d’un réseau de caniveaux et de tuyaux en plomb qui s’inscrivent dans la continuité des découvertes qui viennent d'être réalisées par l’Inrap. Plus récemment, des prospections réalisées sur ce même lieu-dit ont permis d'estimer une zone d’habitat antique s’étendant sur plus de trois hectares. Des matériaux de construction ainsi qu’une grande quantité de céramiques antiques y ont été observées.
La localisation de ces vestiges à seulement dix kilomètres de Mariana et une voie antique descendant vers le sud de la plaine littorale orientale suscitent des interrogations quant à la possible présence d’une agglomération secondaire sur ce territoire. Les recherches en cours devraient permettre de définir plus finement l’étendue, la chronologie, et le statut du site.
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac de Corse)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Manon Marsy, Inrap