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Des thermes antiques mis au jour à Vire
Depuis février 2018, l’Inrap conduit une fouille d’envergure à Vire, en Normandie. Prescrite par l’État (Drac Normandie), cette opération s’inscrit dans le cadre de l’extension du Parc d’activités La Papillonnière menée par l’Intercom de la Vire au Noireau. De février à juin 2018, les archéologues ont étudié la partie agricole d’une villa gallo-romaine occupée du Ier au IIIe siècle. En juillet, les recherches ont révélé les vestiges inattendus de l’ensemble thermal de la villa dans un bon état de conservation.
La partie résidentielle de la villa
Une villa gallo-romaine est un vaste domaine rural appartenant à de riches notables et divisé en deux parties : la pars rustica dédiée aux activités agricoles et artisanales et la pars urbana, là où réside le maître des lieux. Au fond de la cour bordée de palissades et de granges, le maître des lieux résidait dans un bâtiment de 37 mètres de long, probablement doté d’un étage et d’une galerie en façade. En arrière de la galerie, les archéologues ont étudié une dizaine de pièces d’habitation, de réception et de services. Ils ont également mis au jour un petit temple, ou fanum, à proximité.
Un ensemble thermal particulièrement bien conservé
À 65 mètres de la résidence, les archéologues ont mis au jour les vestiges d’un ensemble thermal dans un bon état de conservation. Utilisé entre le Ier et le IIIe siècle, il devait s’agir d’un complexe architectural soigné. La richesse des lieux transparaît notamment avec l’existence d’une piscine chauffée circulaire de plus de 30 m2. Les vestiges de neuf pièces réparties sur 160 m2 permettent pour chacune d’en retrouver la fonction. Au sud et à l’ouest se trouvaient les pièces chaudes dotées d’un système de chauffage par le sol : la piscine de plan circulaire chauffée et une vaste pièce avec un système dit hypocauste avec des dalles suspendues reposant sur des pilettes. À proximité, les vestiges d’un four pour alimenter la pièce la plus chaude, le caldarium, ont été découverts. À l’est, la partie froide était constituée d’un vestiaire et du frigidarium, à partir duquel se faisait l’accès aux différentes pièces. En bordure se trouvaient les espaces de service dont les fours, activés par les esclaves du domaine, ainsi qu’une probable citerne et des latrines.
Le rituel des bains
Dans l’Antiquité, le bain repose sur l’alternance d’espaces chauds et froids et sur la gradation de chaleur dans les salles. Le cheminement « classique » entre les différents espaces débutait par le vestiaire pour le déshabillage puis la pièce froide centrale (frigidarium). Ensuite les baigneurs se rendaient vers des espaces de plus en plus chauds, jusqu’au caldarium, au plus près du four. Selon un circuit dit rétrograde les usagers retournaient dans la pièce tiède avant de se diriger vers le frigidarium. Leur choix pouvait ensuite se porter à droite vers la grande piscine circulaire soit à gauche vers la petite piscine froide rectangulaire.
Témoignages de la richesse de leur propriétaire, les bains étaient aussi un lieu de convivialité où le maître des lieux parlait affaires et politique avec ses invités.