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Fouilles avant restauration : archéologie au château de Clisson
Les recherches menées sur ce site classé apportent de nouvelles connaissances sur l’histoire du château et l’évolution de son front défensif nord.
Un mur d’enceinte primitif et une galerie voûtée : tels sont quelques-uns des vestiges médiévaux et modernes mis au jour par les archéologues de l’Inrap au niveau de la terrasse nord-est du château de Clisson, un site classé monument historique à la confluence de la Sèvre et de la Moine. Ces découvertes apportent de nouvelles connaissances sur l’histoire du château et l’évolution de son front défensif nord. L’opération, prescrite par l’État (Drac des Pays de la Loire), s’inscrit dans le cadre de travaux de restauration menés par le Département de Loire-Atlantique. Propriétaire du site, le Département apporte une attention particulière à l’étude archéologique et à la restauration de son patrimoine dont il est responsable. Ces recherches répondent à des enjeux de conservation, de restauration, d'étude scientifique et de restitution des résultats auprès du public.
Un mur d’enceinte primitif
Implanté sur un éperon rocheux au XIe siècle, le château de Clisson devient une place forte stratégique à la frontière du Duché de Bretagne au XVe siècle. Au XVIe, le système défensif est renforcé par l’édification d’un bastion nord-ouest, d’une terrasse nord-est et d’un cavalier les reliant.
Lors de la fouille de la terrasse, plusieurs structures bâties sont apparues. Les archéologues ont dégagé un mur d’enceinte orienté nord-sud, devant le logis de la résidence seigneuriale. Probablement défensif, ce mur d’époque médiévale est construit en blocs de granite taillés et liés au mortier de chaux. Il mesure environ 1,80 mètre de large et 7 mètres de haut. C’est désormais le plus ancien vestige archéologique mis au jour dans le château de Clisson.
L’évolution du font nord du château de Clisson
Les archéologues ont aussi dégagé une galerie, construite ultérieurement, qui délimite un espace attenant au logis nord de la résidence seigneuriale. La galerie comprend un couloir et une porte à l’extrémité ouest donnant accès à l’intérieur du château. Le couloir long de 30 mètres et large d’un mètre environ, forme un coude avant de déboucher sur une poterne (porte extérieure) à l’est. Il est couvert d’une voûte plein-cintre (avec un arc en demi-cercle) et ponctué de sept gaines verticales, dont le rôle est incertain : domestique ou défensif ? Le parement extérieur de la galerie, visible depuis la résidence seigneuriale, est particulièrement soigné.
Au XVIe siècle, de nombreux aménagements sont effectués, entraînant des modifications de circulation. Un mur de courtine est construit au-dessus de la galerie, ainsi qu’un escalier en vis. Les gaines verticales sont bouchées et abandonnées. L’espace entre le logis et la galerie est remblayé massivement afin de réaliser une plate-forme extérieure dominant le pont de la ville. Ces aménagements, contemporains du bastion nord-ouest et du cavalier, modifient considérablement l’aspect nord du château.
Vie quotidienne d’une résidence aristocratique
Dans les remblais de la terrasse nord-est, les archéologues ont mis au jour des objets qui témoignent de la vie quotidienne d’une résidence aristocratique de l’époque moderne (XVIe-XVIIe siècles). Parmi eux, de nombreux fragments de céramiques provenant aussi bien de vaisselle de cuisine que de vaisselle de table : lèche-frite, pots à cuire, pichets, assiettes, etc. Un petit flacon intact évoque les soins du corps tandis qu’un fragment d’albarelle (petit vase cylindrique) fait penser à un usage pharmaceutique.
Quelques pièces métalliques ont également été identifiées : une clef à tête triangulaire, des épingles, un probable cadenas ainsi qu’un jeton de Nuremberg (jeton de comptabilité) mis en circulation entre 1490 et 1550. Enfin, un lot abondant de carreaux de terre cuite vernissés ou décorés, d’ardoises de schiste ou de tuiles ont été prélevés. Leur étude permettra d’en apprendre davantage sur les techniques de construction, l’utilisation des matériaux à travers les âges et l’évolution des modes décoratives dans les habitats aristocratiques.
Le projet de restauration de la courtine nord du château de Clisson
Le Département de la Loire-Atlantique a confié à l’Architecte en chef des monuments historiques, Pascal Prunet, la restauration de la courtine nord du château de Clisson, rendue nécessaire par la poussée des terres de la terrasse nord-est. L’objectif de ces travaux consiste à diminuer significativement le poids des remblais en remplaçant une partie des terres par un matériau plus léger et à consolider la voûte de la galerie de souterraine aménagée dans l'épaisseur du soubassement du rempart, haut de plus de neuf mètres à l’extérieur du château. Après les fouilles d’archéologie préventives, les travaux de restauration de la courtine se poursuivent jusqu’à l’automne pour une réouverture ensuite de cette partie du château au public.
Vue du château de Clisson depuis le sud
© Sandrine Lalain, Inrap
Vue du château de Clisson depuis le sud
© Sandrine Lalain, Inrap
Vue du chantier de fouille de la terrasse nord-est du château de Clisson. Le mur de courtine nord est visible au premier plan.
© Florine Prieur, Inrap
Relevé topographique pendant la fouille de la terrase nord-est du château de Clisson
© Florine Prieur, Inrap
Prise de mesure au niveau du mur de courtine nord (travail d’archéologie du bâti)
© Florine Prieur, Inrap
Fouille manuelle et dégagement de vestiges au niveau de l’escalier à vis
© Florine Prieur, Inrap
Dégagement du mur d’enceinte primitif, d’époque médiévale, recouvert de plusieurs couches archéologiques
© Caroline Chauveau, Inrap
Départ de l’escalier en vis aménagé au XVIe siècle
© Caroline Chauveau, Inrap
Petite clef en fer à tête triangulaire datée de l’époque moderne
© Caroline Chauveau, Inrap
Petit flacon en céramique retrouvé intact, daté de l’époque moderne et évoquant les soins du corps
© Caroline Chauveau, Inrap
Face d’un jeton de Nuremberg (jeton de comptabilité) en alliage métallique, représentant une nef avec la légende « Volgue la gallée de France », produit entre 1490 et 1550
© Caroline Chauveau, Inrap
Fragments de carreaux de sol en terre cuite décorés de couleur jaune ou verte
© Caroline Chauveau, Inrap
Contrôle scientifique Service régional de l’Archéologie (Drac Pays de la Loire)
Recherche archéologique Inrap
Directeur adjoint scientifique et technique Hélène Jousse, Inrap
Responsable scientifique Caroline Chauveau, Inrap