Vous êtes ici
Hôtel Saint-Livier, rue des Trinitaires (2)
A Metz, Moselle, au cours de sondages des élévations menés en 1998 dans un hôtel patricien, édifié à la fin du XIIe s. et remanié jusqu'au XIXe s., des décors peints ont été mis au jour notamment dans deux pièces.
Le mur de refend séparant ces deux dernières fait l'objet d'un projet de démolition. En préalable, les deux parements, hauts de 3 m et longs de 7 m, ont fait l'objet d'une fouille et d'un relevé.
Bouchant une baie des XIVe s.-XVe s. et percé par une porte du XVIIIe s., un enduit de chaux très fin recouvre la totalité de l'élévation et est embelli d'une grisaille a tempera qui ne présente que quelques rehauts de couleur. Ce décor est divisé en deux registres horizontaux dont la partie supérieure est rythmée par trois niches en trompe-l'oeil qui séparent deux tableaux. Seules deux d'entre elles sont conservées et accueillent les représentations des vertus théologales (ici, foi et charité) qui, selon des critères stylistiques, sont datées en première analyse de la seconde moitié du XVIe s. et du début du XVIIe s. Le panneau le mieux conservé met en scène un souverain et sa cour vers lequel s'avance un personnage accompagné. Plusieurs hypothèses ont pu être avancées : visite de la reine de Saba au roi Salomon, la continence de Scipion, la visite de Cléopâtre à Antoine ...
La plus vraisemblable concerne un passage du Livre de l'Exode (Ex. VII, 8-12) qui représente Moïse et Aaron devant Pharaon où le bâton d'Aaron est transformé en serpent. Cette scène ne bénéficie que de peu de représentations. En particulier, une gravure attribuée à Bernard Salomon illustrant la Bible de Lyon éditée en 1553-1554 qui connut un certain succès (plat en majolique du faïencier Gironimo di Tomasi ; British Museum), un vitrail de la cathédrale de Sens, un tableau de Nicolas Poussin, une tapisserie de l'atelier de Lebrun. Par sa composition et les détails des vêtements, le décor de l'hôtel Saint-Livier est très proche de la gravure de 1553-1554. Sa monumentalité, la qualité des tracés et l'ordonnancement des tableaux associés à la décoration de la salle dans son ensemble indiquent un intérêt indéniable vraisemblablement au niveau national pour la seconde moitié du XVIe s. et le début du XVIIe s.
Les résultats de cette étude archéologique des élévations ont justifié l'abandon du projet de démolition et surtout la restauration.