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L’objet du mois : le vase de Daurelle
Dans le cadre de sa saison scientifique et culturelle Néolithique, l’Inrap revient sur le vase chasséen exceptionnel découvert en 2012, à l’occasion de la fouille d’une occupation du Néolithique moyen dans la zone industrielle de Daurelle à Montélimar, et désormais conservé au musée d’art et d’archéologie de Valence.
La fouille s’est déroulée au sein du grand site de plein air, dit du Gournier, daté du Néolithique moyen et connu depuis 1990. Au printemps 2012, sur prescription de l’État (Drac Rhône-Alpes) et à l’occasion des travaux d’agrandissement de l’usine Autajon, installée dans la zone industrielle de Daurelle à Montélimar, 6 900 m² situés dans la partie nord du site ont fait l’objet d’une fouille. Des lambeaux de sols de circulation, 23 foyers à pierres chauffées et 125 fosses, dont quatre à inhumations, ont été mis au jour. Alors que l’essentiel des structures est daté du Néolithique moyen chasséen (entre 3950 et 3700 avant notre ère), le mobilier retrouvé dans une fosse – un vase, une hache polie et quelques silex caractéristiques du Chasséen rhodanien – indique une présence plus ancienne en ces lieux.
Le vase de Daurelle en cours de dégagement.
© Inrap
Un vase remarquable...
Le vase, en bon état de conservation, est exceptionnel. Il s’agit d’une petite forme à col de 9,5 centimètres de haut pour un diamètre à l’ouverture de 7,5 centimètres. Son fond est rond et il possède, en guise de préhension, quatre barrettes multiforées placées sur la panse. Ce type de vase pouvait être suspendu au moyen de cordelettes passées dans les perforations puis glissées sous le vase. Il présente un décor rare en contexte rhodanien. Le motif est gravé après cuisson, à l’exception de cercles imprimés, qui encadrent les préhensions. Il se décompose en trois frises : la première, sur le col, forme une série de faisceaux ; la deuxième, à la jonction du col et de la panse, est faite de deux lignes horizontales reliées par une multitude de courtes barres verticales ; la troisième, composée de chevrons, pointe vers le bas, reliés à la ligne inférieure du motif précédent, parachève l’ensemble. Des soleils, thème récurrent des Chasséens, ornent les cercles.
Le vase chasséen de Daurelle à décor soléïforme.
© Pierre Rigaud, Inrap
Le vase chasséen de Daurelle. Au centre, une barrette multiperforée.
© Pierre Rigaud, Inrap
Vase d'Aurelle, col avec frise.
© Pierre Rigaud, Inrap
...au décor insolite
Le motif des cercles concentriques n’avait encore jamais été retrouvé en vallée du Rhône et le soleil inclus dans deux cercles concentriques paraît très insolite. En effet, soleil et cercles, fréquemment associés dans les séries céramiques, sont plutôt représentatifs du Chasséen méridional et plus particulièrement de la région languedocienne. D’autre part, c’est la première fois que l’on retrouve ces symboles fondus en un seul sujet. Aucun récipient comparable n’est connu dans une région, où seulement 5 % de la céramique est décorée, et le plus souvent, par des motifs très simples. Il faut aller chercher des comparaisons bien au-delà, en Italie du Sud et du Nord, voire dans une tout autre ambiance, dans le post-rubané du Bassin parisien, pour trouver des éléments aussi complexes. Le stade du Chasséen ancien décoré pourrait sembler le plus vraisemblable.
Le vase chasséen de Daurelle.
Dessin : © Catherine Plantevin, Inrap
Aménagement : Groupe Autajon
Recherches archéologiques : Inrap
Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l'archéologie (Drac Auvergne Rhône alpes)
Responsable scientifique : Frédérique Thiercelin Ferber, Inrap