À Villevaudé (Seine-et-Marne), une fouille de l’Inrap, a permis la restitution de la batterie 308 du camp retranché de Paris, témoin des premières heures de la Première Guerre Mondiale, un domaine rarement étudié sur le territoire francilien.

Dernière modification
02 décembre 2020

Les recherches archéologiques menées à Villevaudé entre le 31 mai et le 27 juillet 2019, sur prescription de l'État (Drac Île-de-France) ont eu pour but l’identification, la caractérisation et la chronologie des ouvrages d’une batterie d’artillerie, conservés sur un peu plus d’un hectare en milieu rural et voués à la destruction.
Hormis les prospections de quelques précurseurs, les travaux de l’ONF sur la forêt de Sénart et quelques rencontres « fortuites » au hasard de fouilles ou de diagnostics, aucune investigation archéologique n’avait, en Île-de-France, appréhendé de façon exhaustive cette période de l’histoire. L'identification du site a été rendue possible grâce à la coopération des archéologues de l'Inrap, de l’Office National des Forêts et du Service Régional de l’Archéologie, autorisant au plus tôt la reconnaissance de la batterie 308, dite de « Bois Gratuel », qui s’intégrait dans le périmètre extérieur du système défensif de la capitale, le camp retranché de Paris. La fouille a révélé deux ensembles témoins de l’organisation de cet ouvrage militaire en activité entre 1914 et 1916.​

Extrait de la carte de mars 1915 figurant la batterie 308, symbolisée par un carré violet, desservie par une voie ferrée) de 60, nantie d’un observatoire et armée de 4 canons de 120 mm long. Service Historique de la Défense, cote 23 N 72, document communiqué par G. Mercé (Inrap)

Extrait de la carte de mars 1915 figurant la batterie 308, symbolisée par un carré violet, desservie par une voie ferrée) de 60, nantie d’un observatoire et armée de 4 canons de 120 mm long. Service Historique de la Défense, cote 23 N 72, document communiqué par G. Mercé (Inrap)

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Service Historique de la Défense, cote 23 N 72

 

Un double dispositif

Sur une partie de l’emprise, les vestiges s’inscrivent principalement sur un axe Sud-est/Nord-Ouest, selon un linéaire ordonné par deux tranchées dont la principale dessert un ensemble de structures en creux, de plan rectangulaire, résolument tournées vers le Nord-est.
Au Sud-Ouest de l’emprise, une vaste structure tournée vers l’Ouest referme le dispositif et un axe de circulation assure le lien avec l’ensemble principal.
Un lien de communication est assuré par une ligne téléphonique, dont la tranchée a été suivie sur l’intégralité du site. Elle sort malheureusement de l’emprise, mais laisse supposer une continuité des structures.

Plan général des vestiges, C. Bertrand (Topo), E. Lemaure (DAO), Inrap

La tranchée principale, constitue la « colonne vertébrale » du dispositif d’artillerie. Il s’agit d’une tranchée planchéiée longue de 170 m environ, d’une profondeur moyenne d’1,40 m, d’une largeur de 0,80 à 1 m , qui assure la connexion entre les différentes entités du système défensif. Ainsi, après une avancée de 80 m, du Sud-est vers le Nord-Ouest, la batterie proprement dite s’organise par l’alternance de plusieurs entités.


Des abris, destinés aux servants des pièces d’artillerie, n’ont été que partiellement démontés. Ils étaient probablement couverts, comme tendrait à l’indiquer la présence de plaques de tôles en position secondaire, mais dont les charpentes et les parois ont été récupérées.

 E. Bergot, Inrap


Les postes de tir se sont vus pour leur part intégralement démembrés. Il n’en subsiste, pour les trois entités mises au jour (et avérées), que les poutres de soutènement, reposoirs des planchers des plateformes.
Des magasins à munitions, possibles banquettes d’observation, voire de tir, complètent cet ensemble, ils sont dotés d’un plancher et sont surhaussés par rapport au niveau de circulation de la tranchée, le bois composant le plancher est, à l’instar de celui des magasins, partiellement conservé.
La tranchée principale s’achève sur un poste d’observation, s’ouvrant vers l’extérieur, qui ferme le dispositif armé. Il fait face à un autre poste, départ ou arrivée du dispositif conjoint.

Au Sud de ces entités, le reliquat d’une tranchée, peu profonde, parallèle à la tranchée principale, semble correspondre, par sa situation, sa morphologie et son axe, à la voie de 60, indiquée sur une carte datée de 1915. Servant au transport et à l’alimentation des pièces et des réserves, cet ensemble s’est vu démonter lors du désarmement de la batterie.

Face au dispositif armé, en « arrière », un deuxième ensemble complète cette organisation. Sans lien visible avec les entités précédentes, un poste d’observation est relié à l’ensemble 13 par un modeste boyau de communication à une vaste structure faiblement excavée de 200 m2.

Aménagement : Placoplâtre​
Contrôle scientifique :  Service régional de l’archéologie (Drac Île de France)
Recherche archéologique :  Inrap
Responsable scientifique :  Erwan Bergot, Inrap