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La Cornaillerie et les Grivaudines Créneau de dépassement RN 151
À Neuvy-Pailloux, Indre, Le projet d'aménagement, d'une surface de 85 973 m², a conduit en novembre 2009 à un diagnostic archéologique. À l'issue de cette opération, une fouille, portant sur une surface de 4 804 m², a été prescrite en 2010.
Trois secteurs géographiquement distincts (voir le plan d'environnement archéologique) sont concernés, répartis sur une distance de 1 km, et aux dimensions contraignantes puisque les largeurs d'emprise sont comprises entre 5,80 m et 18 m.
Occupation des Ier-IIIe siècles autour d'une villa aristocratique
Une occupation antique riche et dense
La fouille a révélé la présence d'un établissement rural antique se développant entre le Ier et le IIIe s. apr. J.-C. et d'une aire funéraire datant des IIe-IIIe s. apr. J.-C. Elle se situe dans un contexte archéologique riche et dense. En effet, huit sites et indices de sites gallo-romains sont recensés dans un rayon de 1 km autour de l'emprise de la fouille. Une sépulture aristocratique des années 40-50 apr. J.-C. se situe à 30 m de l'emprise. À 100 m, au lieu-dit Gué des Buissons, une villa à péristyle, d'une surface de 3 ha, datant des IIe-IIIe s. apr. J.-C. a été repérée par photographie aérienne.
Des traces fugaces d'une présence humaine entre 120 et 25 av. J.-C. sur le site ont été observées. Un enclos fossoyé situé à 35 m au sud de l'emprise du secteur 2 pouvant dater de l'époque protohistorique expliquerait la présence de ces vestiges.
Secteur 2 : un établissement agricole au Ier s. apr. J.-C.
L'occupation du sol sur l'emprise de la fouille est clairement établie au Ier s. apr. J.-C. avec l'implantation d'un établissement agricole. Il se caractérise par un bâtiment maçonné qui conditionne l'orientation générale des vestiges, un système parcellaire et un séchoir.
Le bâtiment, délimité par des maçonneries puissantes, couvre une surface de près de 100 m². Des niveaux de préparation de sol sont conservés. Plusieurs phases de constructions sont observées. La fonction de ce bâtiment n'est pas clairement établie mais l'hypothèse d'un lieu d'habitat où sont réalisées des activités liées au traitement des céréales est la plus probable. De longues palissades parallèles, de 7 à 45 m de longueur, se développent, de l'édifice vers l'ouest. Elles pourraient servir à cloisonner des jardins ou à matérialiser des axes de circulation. Le séchoir mis au jour pourrait être destiné au maltage. À l'exception de la culture de céréales, aucune autre activité de production n'a été mise en évidence.
Secteurs 1, 2, 3 : Une occupation des IIe-IIIe s. apr. J.-C.
Secteur 1 : une nécropole antique
Deux incinérations (dont une en vase cinéraire en verre) et quatre enclos maçonnés, d'architecture et de taille variées, ont été découverts. Les maçonneries et les éléments de décors architecturaux retrouvés étayent l'hypothèse de monuments funéraires soignés (de type mausolée). Cette nécropole illustre les pratiques funéraires en usage et notamment celles adoptées par une certaine élite de la société.
Secteur 2 et 3 : le développement d'un établissement rural voué à la céréaliculture
L'espace occupé au cours du Ier s. apr. J.-C. est abandonné au profit d'un autre situé plus à l'ouest. Une nouvelle orientation est adoptée pour les éléments parcellaires et les constructions. Une densification des vestiges est observable, témoignant du développement de l'établissement rural. La présence de deux celliers et le mobilier associé confirment la pratique de la céréaliculture : meules, nombreux restes carpologiques. Cette activité, perçue pour le Ier s. apr. J.-C s'accroît aux IIe-IIIe s. apr. J.-C. Les nombreux restes mobiliers également découverts dans ces structures témoignent de la présence d'un habitat à proximité : céramique culinaire, objets liés à la parure, à la tenue vestimentaire, au maquillage.
L'abandon du site s'opère à la fin du IIIe s. apr. J.-C. S'ensuit une phase de destruction au cours du IVe s. apr. J.-C.
Une problématique liée à l'occupation du sol et au processus de romanisation de l'espace rural
Les vestiges mis au jour soulèvent des interrogations quant aux liens qui les unissent à l'environnement archéologique immédiat.
Les proximités géographique et chronologique de l'occupation du Ier s. apr. J.-C. avec l'enclos fossoyé et la sépulture aristocratique suggèrent un lien étroit entre ces vestiges. L'hypothèse d'un glissement géographique d'une occupation protohistorique vers le site fouillé est émise.
L'occupation des IIe-IIIe s. apr. J.-C. est certainement étroitement liée à la villa du Gué des Grands Buissons (voir le plan). Bien qu'elle ne semble pas correspondre à la pars rustica de la villa, son implantation résulte vraisemblablement de son rayonnement.
L'opération réalisée sur ce territoire alimente l'étude de la romanisation du monde rural dans la cité des Bituriges et les mutations qui s'y opèrent. Elle permet aussi d'aborder la genèse de l'environnement d'un établissement rural important, une villa aristocratique, au cours de l'époque antique.