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La Petite Foye
A La Peyratte, Deux-Sèvres, évaluation préalable à l'aménagement de la ZAE (pas de suite donnée à cette opération, malgré son caractère positif).
Le projet se situe sur la commune de La Peyratte, à 2,5 km au sud du bourg. Insérée entre la RN149 Parthenay-Poitiers et la RD165 La Peyratte-La Chapelle-Bertrand, elle se trouve à 10 km à l'est de la ville de Parthenay.
Plan du site.
Dessin Inrap.
Le milieu naturel La zone de 10 ha évaluée cet été occupe la partie centrale d'une plaine très peu vallonnée (152 à 157 m d'altitude NGF). Elle est bordée à l'est par le Thouet, rivière qui coule à 2 km et qui charrie quelques galets fluviaux de roches diverses. La ZAE est cernée par deux thalwegs, orientés nord-sud. Un troisième, moins étendu et de même orientation, est sensible en partie est de l'emprise des travaux. Le substrat géologique local est constitué, pour la moitié sud-est de l'emprise, de migmatites et, pour la moitié nord-est, de monzogranites de La Peyratte. Quelques kilomètres à l'ouest, ce sont les granites porphyroïdes de Parthenay qui se développent, parfois ponctués par des filons de quartz et de gabbro. Enfin, 3 km au nord-ouest, ce sont les leucogranites des Aubiers qui complètent ce cortège de roches locales métamorphiques. La profondeur des formations superficielles, terres labourables et dépôts limoneux (éoliens faiblement déplacés), varie de 0,15 à 0,35 m sur l'ensemble de la zone étudiée. Les sondages géologiques permettent d'identifier des niveaux de stagnation et d'hypersaturation en eau dans les parties nord, est et ouest.
En ce qui concerne l'environnement, notamment au Moyen Âge, l'hypothèse la plus probable est celle d'une plate-forme centrale exondée bordée de zones humides marécageuses sur trois côtés, soit un paysage partiellement ouvert. L'environnement archéologique L'occupation humaine sur le territoire de la commune de La Peyratte se réduit, pour les époques pré- et protohistoriques, à la découverte de quelques objets isolés du Paléolithique ancien et moyen. Les indices de sites gallo-romains et surtout médiévaux sont plus nombreux. La présence de ces derniers s'explique par l'appartenance de La Peyratte au canton de Thénezay, connu dès le IXe s. et siège d'une viguerie subdéléguée à la vicomté de Thouars (Ledain 1902). Résultats La densité de mobilier et de structures appréhendées permet un bon état des lieux des diverses occupations. Deux occupations préhistoriques sont envisagées : l'une, ténue car stigmatisée selement par deux silex, concerne le Paléolithique supérieur. La seconde, plus récente et plus évidente, serait à rattacher à la fin du Néolithique. L'absence de structure associée et le semis de silex provenant des niveaux superficiels permettent d'émettre un doute quant à la préservation d'un site de cette époque. Les vestiges d'une occupation protohistorique sont plus sensibles.
Quatre fosses concentrées au sud de l'emprise et des fragments de céramiques épars dans les déblais des tranchées exploratoires prouvent une fréquentation du secteur à la fin de l'âge du Fer (La Tène moyenne ou finale), sans plus de renseignements sur l'occupation de l'espace à cette période. Les témoignages de l'occupation la plus dense (sur 3,4 ha), et par la même la plus récente, concernent le Moyen Âge. La production céramique regroupe des pots à panse globulaire, des oules à lèvre en bandeau court, des cruches souvent à lèvres éversées et des vases de stockage à décor digité. Les datations obtenues sur les sites régionaux ou extra-régionaux renvoient à une courte fenêtre chronologique : les XIe-XIIe s, avec une forte présomption pour le seul XIIe s. Ce mobilier céramique provient des structures d'habitat (deux bâtiments sur poteaux) ainsi que des témoignages d'activités métallurgiques (fosses, fossés, fosses de travail, etc.). Les deux bâtiments de type rectangulaire allongé reconnus sont construits sur poteaux individualisés et murs de clayonnage et torchis. La charpente est maintenue grâce à des supports verticaux intérieurs inorganisés.
Le bâtiment 1, au nord, est complet (10,5 x 4 m, soit 42 m2) alors que le second, à l'est, n'a été qu'entrevu lors de l'ouverture d'une tranchée mécanique. La même orientation sud-ouest/nord-est est pressentie ainsi que la largeur des deux ensembles (4 m). Leurs formes et leurs dimensions les rapprochent des quelques exemplaires actuellement connus dans le nord-ouest de la France (Brodeur, Thooris 1995 ; Valais 2000). Ces constructions se trouvent en limite de zone humide, c'est-à-dire dans les parties les plus décentrées et les moins gênantes possibles. Trois fosses d'extraction d'argile sont présentes à quelques mètres au sud et à l'est de l'habitation 1. Après extraction de matériaux, elles ont servi de dépotoirs comme le prouve le remplissage quasi exclusivement composé de blocs de torchis brûlé au sein desquels les baguettes de clayonnage carbonisées sont encore englobées. L'état de surface des torchis (de la paroi au coeur du mur) signale une forte détérioration thermique évoquant un incendie. La réfection partielle de l'habitation qui s'ensuit a d'ailleurs forcément été rapidement menée vue la vitesse de dégradation de telles structures en torchis sur clayonnage. Malgré l'absence d'indice de cloisonnement, la présence de fosses de stockage dans les seuls deux-tiers sud du bâtiment pourrait signaler dans cette partie l'espace domestique. L'entrée serait ainsi côté sud-ouest, qui est aussi pour cette habitation le côté le plus éclairé par la lumière du jour. L'incendie a pu être une conséquence des activités domestiques engagées dans cette partie. La priorité foncière n'est pas liée à l'habitat (maisons décentrées près des zones humides) mais aux activités métallurgiques.
En position centrale de la zone exondée de plus de 3 ha, a été découverte, lors du décapage, une forte concentration de scories de réduction et de post-réduction de fer (scories de fond de four, en plaques ou plaquettes, en canal, en culot) ainsi que des fragments de parois de fours. Les deux fosses de travail dallées de blocs de granite, au sein desquelles doivent se situer les bas fourneaux pressentis mais non recherchés, sont associées dans ce secteur à un réseau de fossés laissés ouverts dans un premier temps (évacuation ou rétention d'eau ?). Bien que la présence de billes centimétriques d'alios soit avérée en grande quantité sur le site, il se révèle néanmoins quasi inexploitable car trop peu riche en fer (10 à 20 %). L'absence de minerai de fer sur le lieu de sa transformation n'est pas unique puisque ce constat a été fait sur de nombreux sites paléosidérurgiquesà l'image de Combourg, Dinan, Paimpont (Ille-et-Vilaine), etc.
L'examen de la carte géologique n'apporte pas de renseignement. Il se pourrait ainsi que l'on soit dans le même cas de figure que pour le nord de la Bretagne où les rognons de fer provenant de l'altération du socle sont très abondants, mais localisés, et jamais signalés sur les cartes géologiques. L'association habitat/métallurgie est extrêmement rare, notamment en ce qui concerne cette époque du Moyen Âge. La métallurgie du fer, avec usage de bas fourneaux, est peu connue pour les XIe-XIIe s, et les vestiges métalliques reconnus l'apparenteraient à celle du bas Moyen Âge, voire de l'époque gallo-romaine.