À Chessy, une équipe de l'Inrap a fouillé un espace funéraire médiéval où 89 sépultures ont été mises au jour. L’implantation du cimetière « Les Cornilles » située en périphérie de l’occupation médiévale, éloignée de l’église paroissiale est plutôt rare pour l'époque.

Dernière modification
20 juillet 2022

Cette fouille intervient trente ans après les premières interventions archéologiques dans ce secteur. Menées entre 1992 (diagnostic) et 1993 (fouille) par des équipes de l’Afan, elles ont mis en évidence une occupation médiévale datée entre le XIe et le XVIIe s. de notre ère. Elle se divise en une zone d’habitat à l’est et un cimetière à l’ouest, le tout organisé au sein d’un réseau de fossés. L’habitat a pu être totalement fouillé mais pas le cimetière, avec seulement 300 sépultures fouillées sur les 1500 repérées.

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Vue générale du cimetière.

© L. Pecqueur, Inrap

 

Organisation et évolution du cimetière médiéval

La fouille de 2019 a permis d’étudier la partie sud de cet espace funéraire et notamment sa marge, avec 89 nouvelles sépultures fouillées. Il est délimité au sud par la présence de deux fossés parallèles, axés SSO/NNE, marquant son extension maximale qui semble se situer entre le XIe et le XIIIe siècle. Par la suite, on observe une diminution de la surface occupée qui s’accompagne d’une densification des sépultures dans la partie au nord de la zone fouillée en 1993, visible par un étagement des tombes et/ou leur recoupement. Au tournant du XVIIe siècle, l’espace funéraire va être cantonné aux limites du cimetière actuel qui se trouve, au nord, juste de l’autre côté de la rue de Montry.

Une localisation peu courante

Le choix du lieu d’implantation du cimetière « Les Cornilles » a suscité de nombreuses interrogations car il se trouve en périphérie de l’occupation médiévale et éloignée de l’église paroissiale Saint-Nicolas. Cela contraste avec ce qui est connu pour cette époque, le cimetière se trouvant généralement au cœur des bourgs anciens et au plus près de l’église. Cette localisation n’est pas pour autant fortuite et car elle est clairement liée à la présence de la chapelle Saint-Eloi. Il existe donc à Chessy, deux édifices cultuels, contemporains au moins en partie et entourés de leur cimetière respectif, même si aujourd’hui aucune exploration archéologique autour de l’église Saint-Nicolas ne permet de le confirmer.

Des pratiques funéraires largement répandues

L’étude archéo-anthropologique a été limitée par la disparition quasi-complète des squelettes, la matière osseuse ayant complètement fondue du fait de l’acidité du terrain. Les observations montrent néanmoins des gestes couramment observés pour l’époque médiévale. Les corps, disposés sur le dos, sont orientés la tête vers l’ouest, ce qui est en accord avec les préceptes de l’Eglise. On note également pour cette partie du cimetière une absence totale de mobilier, l’humilité étant également recommandée par cette dernière. La composition de la population est classique, avec des hommes, des femmes et des enfants.

De nouveaux apports sur les architectures funéraires

Les sépultures présentent des architectures funéraires variées, notamment en raison de la longue occupation du cimetière. Plusieurs sépultures présentent une logette céphalique pour maintenir la tête des défunts dans leur position d’origine, tournée vers le ciel. Certaines fosses possèdent des banquettes permettant la mise en place de traverses soutenant le couvercle. Dans certains cas, la couverture semble disposée directement sur le défunt ou très légèrement au-dessus de ce dernier. Cette dernière se compose de deux planches installées dans le sens de la longueur et se superposant partiellement dans la partie orientale, la moins large de la sépulture. Deux cercueils ont aussi été observés et leur mode de fabrication montre des choix particuliers relevant un peu du « bricolage ».

Parallèlement, des aménagements spécifiques ont été mis en évidence pour la première fois dans le secteur de Marne-la-Vallée. Il s’agit d’encoches qui percent verticalement, soit les banquettes, soit le creusement, au niveau des grands côtés de la fosse. Elles sont généralement au nombre de quatre pour chaque côté et disposées en vis-à-vis. Elles participent très certainement au maintien du contenant, pour les parois latérales et/ou le couvercle.

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Détail d’une encoche après fouille.

© L. Pecqueur, Inrap

Cette intervention a permis de renseigner un peu plus le cimetière médiéval de Chessy, qui reste, encore à l’heure actuelle, le seul cimetière d’importance pour cette époque dans le secteur de Marne-la-Vallée. Certaines découvertes ont contribué à enrichir les connaissances sur les architectures des sépultures entre le XIe et le XIIIe siècle, époque qui reste encore largement méconnue dans le domaine du funéraire pour ce secteur de l’Île-de-France.

Aménageur : Pierres et Lumières
Contrôle scientifique : Service régional de l'archéologie (DRAC Île-de-France)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Laure Pecqueur, Inrap