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Le Moulin à Vent
La fouille de la parcelle ZP 37 du Moulin à Vent, située à l'entrée du bourg actuel de Barrou au sud de l'Indre-et-Loire, a permis de confirmer la présence à cet endroit d'un quartier de l'agglomération gallo-romaine, lié à des activités artisanales et à de l'habitat.
Réalisée sur une superficie de 990 m2, elle a mis au jour une occupation dense, riche en mobiliers et en vestiges, parmi lesquels figurent deux découvertes inédites : un four de potier gallo-romain et un probable four de réduction du minerai de fer, daté des VIIe-VIIIe s. ap. J.-C.
Localisé sur la rive droite de La Creuse, le site est installé sur une nappe alluviale ancienne, et surplombe un méandre de la rivière d'environ 5 m. Il se trouve dans l'emprise de l'agglomération antique de Barrou, à la confluence des cités des Turons, des Pictons et des Bituriges. Le quartier gallo-romain s'établit sur le site au cours du Ier s. ap. J.-C., se développe et se densifie au cours du IIe s.-début du IIIe s. ap. J.-C., date de son abandon définitif. Il s'organise à l'intérieur d'un réseau parcellaire relativement resserré et orthonormé, formé de quatre îlots réservés soit à l'habitat (au nord), soit à l'artisanat (vers le sud).
Les traces d'habitats
Les traces d'habitat et d'activités domestiques sont attestées, dans le premier îlot au nord, par deux ensembles sur poteaux. Parmi eux, le bâtiment E1, d'une superficie de 33 m2, est en place dès le Ier siècle ap. J.-C. Formé de 3 travées, il correspond vraisemblablement à un habitat, comme l'indiquent les mobiliers rejetés dans les fossés parcellaires, caractéristiques de nombreuses activités domestiques (vaisselle en céramique, parures, déchets de consommation animale...). La présence parmi ces dépôts de plusieurs monnaies ainsi que d'un ex-voto oculistique en bronze, rejetés au même endroit, permet d'envisager également une zone de dépôt privilégiée, peut-être en relation avec un culte domestique lié à l'eau ou à des pratiques médicales.
Le four de potier gallo-romain
Les îlots situés au sud sont dévolus à des activités artisanales, comme l'atteste la découverte d'un four de potier.
Entièrement enterré, ce four est circulaire, de petites dimensions (diamètre de 0,80 m), à deux volumes et à tirage vertical. La sole, qui a disparu, reposait sur un ressaut aménagé sur tout le pourtour de la paroi, ainsi que sur un pilier central, en partie effondré. Le laboratoire, conservé sur 0,32 m de hauteur, est constitué d'argile lutée sur le substrat. Au sommet, il était formé d'une large ouverture, d'environ 0,80 m de diamètre, comme l'a montré l'assemblage des fragments de parois retrouvés dans son comblement. Cette ouverture facilitait l'accès aux productions et était certainement recouverte d'une couverture temporaire lors des cuissons. Le four se prolonge vers l'ouest par une grande fosse de travail, permettant l'accès au four et au foyer situé à l'entrée du canal de chauffe. L'ensemble, orienté selon un axe est-ouest, mesure 3,30 m de longueur et est installé dans une excavation d'environ 0,60 m de profondeur.
Le four est comblé et abandonné à la fin du IIe s.-début du IIIe s. ap. J.-C. Sa production était tournée en grande partie vers des récipients à usage culinaire, en pâte commune sombre, et en quantité relativement modeste. Cette production locale apparaît donc relativement limitée, dans la mesure où les investigations archéologiques ne peuvent, en l'état actuel des connaissances, prouver l'existence d'un atelier. Elle constitue néanmoins une nouvelle référence, comme point de départ d'études et de comparaisons avec les sites alentours, notamment en territoires turon et picton voisin.
Au sud, la découverte dans le fossé parcellaire délimitant l'îlot 4, de l'inhumation d'un nouveau-né se réfère à la pratique d'ensevelir les très jeunes enfants au sein d'unités domestiques ou artisanales, à l'écart des espaces funéraires destinés au reste de la population.
Les activités liées à la métallurgie du fer
Les traces d'activités métallurgiques liées à la forge et à la réduction du minerai de fer sont avérées sur le site à la période gallo-romaine par de nombreux déchets, mais aucun vestige ne s'y réfère directement. À la fin du VIIe-première moitié du VIIIe s. ap. J.-C., le site, réoccupé ponctuellement, conserve la même fonction artisanale et domestique. Un four, lié à la réduction du minerai de fer, a été découvert à proximité du four gallo-romain. Quoique très arasé, il conserve les vestiges d'une porte et un fragment d'évent retrouvé dans son comblement. Ce bas fourneau représente l'un des rares exemples de cette période en contexte d'habitat pour la région Centre.