A Naves, Corrèze, après quatre ans d'interruption, les fouilles ont repris du 6 au 31 juillet 2009 sur le sanctuaire gaulois et antique des Arènes de Tintignac.

Dernière modification
10 mai 2016

Elles ont été conduites par Christophe Maniquet (Inrap) et une dizaine de bénévoles (étudiants, retraités...). La nouvelle campagne de fouille devait orienter la recherche vers les axes de communication ayant pu exister entre les édifices afin de tenter d'appréhender les éventuelles processions pratiquées sur le sanctuaire et, éventuellement, de percevoir une circulation privilégiée. Le second axe de recherche concernait la gestion de l'eau sur le sanctuaire.


Sondage 1

Le sondage réalisé à l'est du fanum a mis ponctuellement au jour le parement occidental de certaines maçonneries du bâtiment appelé injustement « tribunal ». À l'ouest du sondage, tous les niveaux archéologiques avaient disparu. La structure la plus ancienne est un fossé dont l'orientation ne correspond à aucun parcellaire connu (gaulois ou gallo-romain). 
 
Dans une phase postérieure, une voie orientée nord-sud est construite. Le terrain naturel, dont le pendage est relativement important, est aplani et recouvert d'une couche de pierres d'éclogite. Leur usure superficielle laisse imaginer une circulation importante. Au début du Ier siècle de notre ère, cette voie est étendue vers l'est par un empierrement plus important qui pourrait correspondre à une voie, ou à une place. Ce n'est que postérieurement que le « tribunal » est édifié.

Sondage 2

Le sondage 2 n'a pas permis de visualiser le niveau contemporain de l'escalier d'angle situé au sud-est du temple, mais on a pu constater que la pente, importante à l'origine, a été adoucie progressivement grâce à l'apport de remblais successifs. Taillé dans le terrain naturel, le fond d'un fossé, large et peu profond, a été tapissé de pierres pour créer une voie orientée est-ouest possédant un pendage prononcée vers l'est. Sa ressemblance avec la voie la plus ancienne du sondage 1 laisse imaginer qu'elles ont pu fonctionner ensemble et pourraient remonter à la période gauloise.

Par la suite, plusieurs couches de remblais ont été apportées afin d'adoucir la pente. Ces remblais, plus épais à l'est, ont livré un mobilier du Ier siècle de notre ère, relativement abondant et d'un intérêt majeur. On mentionnera ainsi une demi-douzaine de petites fioles en verre (balsamaires), un fer de lance complet, une demi-statuette en terre blanche représentant un gladiateur caché derrière son bouclier (un secutor), un petit couteau votif d'une demi-douzaine de centimètres de long doté d'une lame en fer et d'un manche en bronze orné...

En surface, les derniers remblais, riches en éclats de calcaire et de marbre, semblent contemporains du dernier état de remaniement du fanum et de la construction du bâtiment en hémicycle et du « tribunal », dans la première moitié du IIe siècle de notre ère.

Sondage 3

Le dernier sondage a été creusé en contre-haut de la source actuelle, à l'est/sud-est du théâtre. Une maçonnerie appartient à un édifice qui n'avait pas été repéré au XIXe siècle. Dans les niveaux de destruction, des fragments d'éléments architecturaux en calcaire ont été mis au jour ainsi que plusieurs blocs de granite s'apparentant à des chaperons de murs. On notera également la présence de fragments de tubuli en terre cuite témoignant de l'existence de pièces chauffées, ce qui pourrait corroborer l'hypothèse d'un édifice thermal dans ce secteur.

Contre la fondation de ce mur, un caniveau a été construit à l'aide de pierres de granite taillées, identiques à celles déjà repérées plus à l'ouest, au sein du temple. Ce caniveau était inclus dans une maçonnerie et sans doute obturé par des dalles de pierres. L'eau circulait donc sous le sol de la construction dont quelques niveaux ont pu être observés dans l'angle oriental du sondage. Ce bâtiment pourrait avoir été détruit par un incendie dont quelques traces de rubéfaction et un niveau de charbons de bois témoignent.

Le puits

Suite à sa fouille partielle en 2002, le puits découvert en limite d'emprise, à l'ouest du bâtiment en hémicycle, a été obturé par un plancher de bois pour des raisons de sécurité. En 2003, lors de la canicule, des pilleurs se sont introduits sur le site et ont fouillé la structure jusqu'à une profondeur de 8 m. En 2009, la situation devenait périlleuse dans la mesure où le plancher de bois menaçait à son tour de s'effondrer. Grâce à Jean-Marc Féménias et à l'association Archéopuits, les conditions de sécurité ont pu être réunies pour achever le dégagement de ce puits. Après une ouverture de près de 3,60 m de diamètre et un profil en entonnoir sur près de 4 m de profondeur, il prenait une forme circulaire plus régulière, avec un diamètre d'1 m environ. Sa profondeur totale était de 13 m. Des encoches diamétralement opposées taillées dans sa paroi ont servi de marches pour descendre dans le puits ou en sortir. À environ 10,50 m de profondeur, le puits donnait sur un aqueduc, une galerie souterraine orientée est-ouest de la taille d'un homme. Complètement bouché à l'ouest, il a pu être exploré sur près de 10 m vers l'est. Ce type d'aménagement capte en général l'eau d'une source en amont et la conduit en un point déterminé (dans le cas présent un puits, un bassin ou une fontaine non encore identifié mais situé dans l'enceinte du sanctuaire) en lui faisant suivre une pente légère mais régulière. À la base de cet aqueduc, une canalisation aménagée à l'aide de tuiles à rebords et d'éléments de terre cuite courbe a été partiellement dégagée.

Le réseau hydraulique d'adduction et d'évacuation de l'eau mériterait d'être exploré afin d'identifier la source captée et de connaître sa destination. Cet aqueduc pourrait alimenter un établissement thermal doté de piscines, utile dans le cadre d'un tel sanctuaire monumental, afin de se purifier ou de faire ses ablutions avant de pénétrer réellement dans l'espace sacré

Conclusion

La campagne de fouille 2009 s'est révélée très riche en informations sur l'organisation et l'évolution du sanctuaire. La mise en évidence d'un réseau d'aqueduc et, en contrebas, près de la source, d'un édifice totalement insoupçonné jusqu'alors, ouvre de nouveaux horizons pour la recherche sur le site pour les années à venir....