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Nouvelles découvertes archéologiques à Prunelli-Di-Fiumorbo (Haute-Corse)
À Prunelli-Di-Fiumorbo, l'Inrap fouille un établissement rural antique qui apporte de nouvelles connaissances sur l’occupation ancienne de la plaine du Fiumorbo.
Préalablement à la construction d’un habitat résidentiel sur la commune de Prunelli-Di-Fiumorbo (Haute-Corse), au lieu-dit Chiarata, une fouille archéologique prescrite par la Drac de Corse et menée par l'Inrap a permis de mettre au jour un nouvel établissement rural dont l'occupation s'étale entre le Ier siècle avant et le IIIe siècle de notre ère. Ces recherches, prises en charge à 100% par l’État par le biais du fonds national pour l’archéologie préventive (Fnap), offrent de nouveaux aperçus sur les types de constructions et aménagements ruraux pendant l’Antiquité romaine dans le sud de la plaine orientale.
Une occupation ancienne de la plaine du Fiumorbo
Sur la rive gauche du fleuve Abbatescu, à 1,5 km à l’ouest de la côte, les recherches archéologiques, scindées en deux zones, ont permis de mettre au jour les fondations de plusieurs bâtiments ainsi que diverses structures et artefacts permettant d’identifier partiellement leurs fonctions.
Dans la première zone de fouille, à l’ouest de l’emprise, l’opération a permis de révéler un habitat se développant sur 65m². Il se compose de deux pièces équivalentes mais semble s’étendre à l’ouest en dehors des limites de fouille. Les premières assises de fondation des murs conservées sont constituées de gros galets et de poudingues (conglomérats de débris de roches). Les pièces possèdent en leur sein un foyer composé d’une ceinture de galets, d’une préparation en tuiles posées à plat et d’une sole en argile. Les recherches au sien de l’une d’elle ont révélé par ailleurs un probable four. Ces différents éléments ont permis de caractériser la fonction de ces pièces dont l’occupation s’échelonnerait entre le Ier siècle avant notre ère et les IIIe-IVe siècles de notre ère. Plusieurs niveaux de fonctionnement attestent en effet différentes phases de réfection et possiblement d’abandon, et témoignent a minima d'une perduration dans le temps de ce bâtiment.
Vue générale de la fouille et des assises de fondation en gros galets et poudingues.
Pascal Druelle, Inrap
Fouille d'un bâtiment avec foyer.
Pascal Druelle, Inrap
Une archéologue de l'Inrap fouille les vestiges d'un chai. Sur la gauche de l'image, le fond d'un dolium (grande jarre de stockage) encore en place.
Pascal Druelle, Inrap
Une archéologue de l'Inrap met au jour un foyer composé d’une ceinture de galets, d’une préparation en tuiles posées à plat et d’une sole en argile, attestant de la fonction d'habitat.
Pascal Druelle, Inrap
À l’est de cette première zone, un second bâtiment a été mis au jour. Il se compose d’une pièce principale sur une surface de 40m², et semble se poursuivre vers le nord-est, malheureusement hors des limites de fouilles. Comme pour le premier bâtiment, seules les premières assises de fondation, constituées de poudingues et de blocs calcaires, sont encore conservées. La présence de dolia, grandes jarres de stockage, permet de supposer une première vocation du bâtiment en tant que chai. Cet espace se verra ultérieurement réaménagé, comme l’indique un niveau de nivellement-assainissement venant recouvrir les dolia. Pour le moment, seules les dernières phases d’occupation du bâtiment ont été fouillées. Elles sont datées des environs du IIIe siècle de notre ère.
Enfin plusieurs structures en creux (fosse de rejet, fosse à galets, trou de poteau) au sein desquelles a été découvert du mobilier protohistorique, semblent témoigner d’une occupation antérieure du site, mais non encore déterminée.
La deuxième zone de fouille située à l’est de l’emprise, a révélé quant à elle une série de trous de poteaux dont les piliers qui les occupaient devaient mesurer entre 20 et 30 cm de diamètre. Les éléments de calage (galets, fragments de dolium) et le mobilier récolté au sein de ces structures semblent contemporains des bâtiments précédemment décrits. Cependant aucun vestige ne vient jusqu’alors confirmer cette hypothèse et la vocation de cette construction reste indéterminée.
Le site de Chiarata vient ainsi augmenter le corpus des établissements ruraux de plaine installés à proximité d’une ressource en eau. Une situation d’autant plus privilégiée qu’elle s’accompagne de la présence d’un gué dont des vestiges modernes pourraient signaler une tradition de passage plus ancienne.
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac de Corse)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Manon Marsy, Inrap