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A Tours, Indre-et-Loire, la surface fouillée était de 2 400 m2.
L'opération avait pour objectifs de mieux comprendre la chronologie des campagnes de construction et de réfection, la topographie des systèmes défensifs urbains du XIVe et des XVIe-XVIIe s., ainsi que l'évolution des berges de la rive droite de la Loire au bord de laquelle s'est développée la ville.
Du cuir, du bois, du tissu Mais la découverte de milliers d'objets en matériaux périssables (cuir, bois, tissu) en très bon état de conservation dans les fossés du rempart nord, comblés au XVIe s., retient aussi particulièrement l'attention des archéologues. En effet, 20 chaussures complètes, 140 semelles, près de 5 000 pièces : morceaux de cuir et de tissu (chutes et découpes, ceintures, tricot, feutre, tissu de laine...), outils pour le travail de la peau, objets de la vie quotidienne (nombreux peignes et couteaux, boîtes et tonnelets, pièces de jeu, une bourse...) ont été rejetés à cet endroit, en bord de Loire. À l'époque, les fossés ne sont plus curés, l'eau stagne, ils deviennent peu à peu marécageux et servent de dépotoirs pour les habitants et les artisans. Nous sommes dans la rue des Tanneurs, dans le quartier des teinturiers et des foulons et les abattoirs ne sont pas très loin. Des ateliers de cordonnerie et de maroquinerie étaient sans doute proches. La conservation de ces milliers d'objets est due au milieu humide et clos dans lequel ils étaient piégés. C'est la raison pour laquelle, fait exceptionnel, les archéologues ont la possibilité d'étudier l'artisanat du cuir, retrouvé en très grande quantité, de la découpe de la peau à l'objet fini. D'après des textes, cet artisanat connaît un important tournant technique au XVIe s., tout particulièrement dans la fabrication des chaussures. La fouille a également permis la découverte, sur 30 m environ, des fondations massives de la Clouaison, enceinte de 4,5 km construite par les Tourangeaux à la fin du XIVe s. À l'origine, elle faisait 12 m de haut et était protégée par deux grands fossés régulièrement curés jusqu'au XVIe s. Pour la première fois, les divers pôles de la ville sont englobés dans une même entité urbaine par peur des menaces de la guerre de Cent Ans. Un des bastions qui flanquaient l'enceinte moderne, datée du début du XVIIe s., a aussi été retrouvé lors de la fouille. Comme les autres, il s'ouvrait sur un embarcadère auquel on accédait par de larges rues pavées, telle la rue Ragueneau, retrouvée, qui conduisait jusqu'au port qu'il abritait. L'étude des alluvions anciennes de la Loire a aussi apporté des informations intéressantes. Des géographes de l'Université et du CNRS, groupe de recherche historique "Zone atelier Loire", ont mis en évidence que, durant toute l'Antiquité, la rive était beaucoup plus en retrait qu'aujourd'hui. Les nombreuses céramiques gallo-romaines, dont une figurine et des ex-votos, recueillies dans les sédiments proviennent sans doute de décharges rejetées de la berge. Des vestiges d'une embarcation ont également été retrouvés dans les sables.