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Rue de Vignier
A Besançon, Doubs, dans le cadre d'une opération de résorption d'habitat insalubre, des sondages ont été réalisés en 1987 aux 6, 8 et 10 de la rue de Vignier, sur la surface de l'îlot à explorer (1500 m2).
Ils ont permis de déterminer deux zones où des vestiges risquaient d'être démolis, qui ont fait l'objet d'une fouille en 1988. Cette rue, habitée par des artisans, était située en plein coeur du quartier médiéval outre-pont.
À l'arrière, s'élève l'hôtel Jouffroy, construit au XVe siècle, dont les fenêtres du rez-de-chaussée sont protégées par des grilles.
La fouille des caves et d'une citerne attenante a permis d'étudier les élévations effondrées à la suite d'un incendie.
Maquette M. Piton.
Les conditions d'humidité permanente dans lesquelles ils demeuraient ont permis leur excellente conservation.
Les sondages et les fouilles menées avant et après la démolition du bâti existant en 1987 et 1988 ont permis d'étudier pour la première fois à Besançon une habitation des XIIIe-XIVe siècles, en grande partie détruite par un incendie. Adossée à une pente assez raide, la maison était fondée sur deux caves semi-enterrées, auxquelles on accédait depuis la rue par deux escaliers droits. Si les caves et le mur central était montés en pierres sèches, les élévations étaient constituées de pans de bois, comme l'attestent les plaques de torchis tombées contre les murs périphériques lors de l'incendie.
Les activités pratiquées dans cette maison peuvent être précisées en rapprochant les données archéologiques et les sources écrites. En effet la fouille de la maison a fourni plusieurs centaines de chevilles osseuses, tandis que les archives municipales révèlent que l'activité de cornatier (fabricant d'objets en corne ou en os) domine alors dans ce quartier, avec les métiers du cuir, de la construction et du métal. Les boucheries installées juste de l'autre côté du pont, dans le quartier dit « du Maisel », offrent un approvisionnement aisé en matière première. Dans le dépotoir de l'habitation, d'autres chevilles osseuses étaient associées à du résidu de pressage du raisin, traduisant une activité viticole annexe.
Les espaces verts occupent alors des surfaces importantes à l'intérieur de l'enceinte de la ville. Le vignoble, qui en constitue la majeure partie, s'étend principalement dans la partie haute du quartier Battant où se trouve la rue de Vignier, comme en témoigne ce toponyme attribué à la rue dès le XIIIe siècle, au moment de la mise en place du réseau viaire de ce secteur. La construction de la maison fouillée daterait de cette époque ; ses ruines sont recouvertes par des fosses dépotoirs datées de 1355 par dendrochronologie.
Aucune traces d'occupation n'a pu être observée pour la période s'étalant de la fin XIVe jusqu'au XVIe siècle, les niveaux ayant probablement été perturbés par le creusement d'une cave au XVIIIe siècle.
Le XVIe siècle est représenté par une maison au n° 4 de la rue de Vignier et par une citerne. La construction d'une cave voûtée à pilier central et l'utilisation de tonneaux en cuvelage d'un puits témoignent de la persistance des activités vigneronnes entre le XVIe et le XVIIIe siècle.