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Rue du 11 Novembre
À Auch, Gers, l'opération de diagnostic a concerné une parcelle de 4 800 m2, sondée à 8 % (385 m2).
Cette opération de diagnostic a concerné une parcelle de près de 0,5 ha. Les résultats obtenus revêtent un grand intérêt pour la compréhension de ce secteur encore peu connu de l'agglomération.
Les sondages ont en particulier révélé un niveau d'occupation de la fin de l'âge du Fer qui s'étend sur l'ensemble de l'emprise. Il est associé à plusieurs structures d'habitat matérialisées par des sols de terre battue ou de graviers particulièrement bien conservés. Une coupe, laissée par la tranchée de récupération d'une maçonnerie gallo-romaine, a permis d'observer un sol de terre battue et un foyer plusieurs fois rechargés, correspondant à une structure d'habitat sur poteaux porteurs. La technique de la sablière basse semble également attestée dans d'autres secteurs de la parcelle. Le mobilier comprend essentiellement des céramiques tournées fines produites localement ainsi que des fragments d'amphore italique de type Dr 1A et un fragment de campanienne A. Ce lot est datable entre la fin du IIe s. et les années 50-40 av. notre ère. La période augustéenne s'inscrit dans la continuité, avec, en particulier, le maintien des traditions architecturales (structures d'habitat sur poteaux avec sols aménagés en terre battue). Elle semble se subdiviser, d'après les observations stratigraphiques et le mobilier, en deux phases : 40?20 av. notre ère et de 20 av. à 20 de notre ère. Une esplanade de galets semble avoir été mise en place en fin de période. Dans le courant de la seconde moitié du Ier s. de notre ère, la zone fait l'objet d'une importante restructuration.
À l'ouest de la parcelle a été identifié un dallage en grand appareil, s'étendant sur au moins 30 m du nord au sud et reposant sur un solide radier en béton de chaux. Cette structure est associée à un massif de fondation partiellement observé (5 m de large environ), provisoirement interprété comme un autel ou comme la base d'un monument. Le dallage semble bordé côté est par des murs, conservés seulement en fondation, appartenant peut-être à une galerie précédée d'une ou de plusieurs pièces en enfilade. Ces caractéristiques évoquent un espace ouvert à caractère public, correspondant très probablement à une partie du forum d'Augusta Auscorum.
Plus à l'est, les sondages ont mis en évidence un sol de béton blanc couvrant une surface importante qui semble fonctionner avec un mur bordant probablement une rue. Cet axe, de direction nord-sud, a pu être étudié plus au nord. L'état le plus ancien appartient à cet horizon et se caractérise par une emprise de l'ordre de 5 m et une chaussée constituée d'un assemblage de blocs et d'éclats calcaires. La zone ne semble pas connaître de modifications importantes avant la fin du IIIe ou le début du IVe s. de notre ère. Le dallage monumental continue à être utilisé, comme le montre un niveau d'occupation conservé à son contact sur l'ensemble de son emprise observée. La voie est rehaussée et rechapée. En revanche, une construction comprenant au moins une abside est aménagée sur un épais remblai dans la zone antérieurement occupée par le sol de béton blanc. La découverte d'un sol en dalles de marbre et d'éléments d'un probable praefornium semble accréditer la thèse d'un bâtiment à vocation thermale. Enfin, un niveau d'incendie repéré dans l'ensemble des sondages et des tranchées de récupération de matériaux témoignent d'une phase d'abandon datable à partir du Ve s.
On doit souligner que, malgré sa modestie, ce diagnostic correspond à la surface de fouille la plus importante jamais dégagée à Auch. Le potentiel archéologique apparaît remarquable, avec une stratigraphie de plus de 2 m de haut par endroits et une excellente conservation des niveaux successifs. Dans l'attente d'une fouille éventuelle, plusieurs enseignements peuvent déjà être tirés de l'opération. D'abord, les informations collectées permettent d'établir la chronologie d'occupation de ce secteur avec la mise en évidence de niveaux étagés du IIe s. av. au Ve s. de notre ère. Ensuite, la nature de l'occupation peut être précisée. La plupart des structures antérieures à notre ère semblent appartenir à un habitat, peut-être déjà implanté selon une trame régulière. En revanche, les éléments disponibles pour les phases suivantes permettent d'évoquer, à titre d'hypothèse, l'existence d'un espace public. Celui-ci correspond probablement à une partie du forum de la ville, avec un premier état peut-être augustéen et un aménagement définitif datable de la seconde moitié du Ier s. de notre ère. Il est probablement associé dès cette époque à des thermes (publics ?), restructurés à la fin de l'Antiquité.
Cl. P. Gardes/Inrap.