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Rue Romaine
A Entrains-sur-Nohain, Nièvre, le terrain, situé au nord du village actuel, se trouve dans l'agglomération antique d'Intaranum le long d'une voie menant à Auxerre.
L'intervention a mis au jour une portion de la voie et des murs d'habitations qui succèdent à des ateliers de forge, l'ensemble témoignant d'une occupation durant tout l'empire romain. Située au nord-ouest du territoire éduen, aux marges de la cité des Sénons et des Bituriges, sur un important carrefour de voies romaines, l'agglomération a su se développer durant les quatre premiers siècles de notre ère. À son apogée, elle avoisine une superficie de 120 hectares (nécropoles et sanctuaires périphériques inclus) et possède un théâtre de 135 m de diamètre.
La voie romaine
Elle se trouve en partie sous la rue actuelle dont le tracé et le nom sont directement hérités de l'axe de circulation antique. La voie qui se dirige vers Auxerre est toujours perceptible sur plusieurs kilomètres à travers des composantes du paysage telles des chemins vicinaux et des limites parcellaires. La fouille a mis au jour l'axe carrossable antique en léger décalage par rapport à la chaussée actuelle. Son revêtement se compose de plusieurs couches de pierres calcaires posées sur chant dont certaines présentent de nettes traces d'usure provoquée par le passage répété des chars. La bande de roulement est bordée d'un trottoir matérialisé par une couche de gravier indurée qui longe une galerie adossée aux habitations. Ce passage couvert par un appentis est délimité au sol par un caniveau qui recevait l'eau de pluie. Sont mis au jour ici tous les éléments constitutifs d'une rue comparables à ceux des grandes villes de l'Antiquité.
Habitations maçonnées et thermes privés
Une série de constructions en pierre s'installent le long de la rue. Trois parcelles sont identifiées et intégrées dans un strict système cadastral. Larges de 30 pieds romains (environ 9 m), elles s'étirent perpendiculairement à la chaussée sur une longueur de 120 pieds, soit 1 actus (environ 35 m). Chaque propriété est dotée d'une cave en façade éclairée par un soupirail ouvert sur la rue. À l'arrière des parcelles, les habitants ont aménagé des installations balnéaires : véritables petits thermes privés équipés de pièces chaudes, dont nous est parvenu le système de chauffage par le sol (hypocauste à canaux rayonnants) et de piscines froides, dont il reste les dalles de béton qui couvrent le fond des bassins. L'ensemble devait être richement décoré comme l'attestent les nombreux fragments d'enduits peints mis au jour : ils présentent des décors géométriques qui ornaient probablement les plafonds ou encore de rares figurations humaines comme le visage d'un « amour ». Les techniques de construction employées et l'analyse stratigraphique supposent une installation des thermes au cours des IIe-IIIe siècles.
Les ateliers de forge
Les forges sont en partie endommagées par les habitats en pierre qui leur succèdent. La construction est faite de terre et de bois, comme le montrent des solins de fondation en pierre sur lesquels reposaient des sablières basses (poutres en bois posées à la base des murs). La fouille en cours ne permet pas encore de dégager le plan complet des ateliers. Les archéologues ont toutefois mis en évidence, en plusieurs endroits, d'épais niveaux d'occupation caractéristiques où alternent des couches charbonneuses, générées par l'utilisation des foyers, et des chapes argileuses apportées lors de phase d'assainissement des sols et de restructuration des espaces. S'il demeure difficile de déterminer la nature des objets produits, l'étude de la répartition spatiale des déchets métallurgiques (battitures, scories) et leur examen en laboratoire, nous renseigneront sur les processus opératoires et les techniques utilisées.