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Servigny, L'Orme Chipeau
De la période gauloise au début du Moyen Âge, un important domaine agricole à Lieusaint, Seine-et-Marne
Aux lieux-dits L'Orme-Chipeau et Servigny, à l'emplacement de l'échangeur de l'A5a dans sa partie sud, un établissement gallo-romain a été fouillé en 1992. La première occupation remonte à La Tène finale où un enclos rectangulaire s'est implanté au sud-est de l'emprise. La partie orientale dégagée n'a révélé qu'un puits quadrangulaire non maçonné et une fosse profonde de 3 m.
Après abandon de cet enclos, l'habitat s'est déplacé plus à l'ouest à une soixantaine de mètres : un établissement rural apparaît à l'époque augustéenne, s'insérant dans le parcellaire préexistant. Il a perduré jusqu'au Bas-Empire et même au haut Moyen Âge, et quatre séquences ont pu être déterminées, les trois premières se déroulant entre le Ier et le IIe siècle (nombreux remaniements). Dans un premier temps, au nord d'un fossé drainant axé est-ouest, sont implantés deux bâtiments : un petit rectangulaire (est-ouest) sur solins de pierre et un second de type grenier à 9 poteaux (nord-sud). Le premier fossé est abandonné ; deux autres fossés perpendiculaires lui succèdent, délimitant un espace enclos au sud-ouest. Ce second système provoque l'altération du bâtiment de pierre. Un nouveau bâtiment à fondation de pierre axé nord-sud est installé vers l'est de l'enclos, avec à proximité quelques silos et une concentration de trous de poteau, et, au-delà, un radier de pierre (chemin ?). Le creusement d'un grand fossé collecteur est-ouest recoupe l'enclos, le sud du bâtiment et le radier. Dans l'angle de l'ancien enclos est installé un bassin rectangulaire de pierres liées à l'argile (2 x 7 m, prof. 2 m) orienté nord-sud, dans lequel on descendait par un sommaire escalier aménagé dans un angle. Le fond tapissé de vase indique un vivier ou une structure à vocation artisanale. Au nord-ouest apparaît un petit bâtiment isolé composé de deux éléments et d'une annexe sur poteaux, dont les joints de la maçonnerie ont été tirés au fer. Les restes de pilettes et de tubuli indiquent un chauffage par hypocauste et des fragments d'enduit peint à décor géométrique attestent sa vocation d'habitat. Entre le milieu du IIe siècle et la fin du IVe, un grand bâtiment quadrangulaire est construit contenant deux murs de refend formant un couloir dans sa partie nord. Son implantation a nécessité un contournement par le sud du grand fossé collecteur, alimentant une mare à l'est pourvue d'un pédiluve en tuiles. L'occupation de l'ensemble se poursuit jusqu'à la fin du Bas-Empire (le bâtiment à hypocauste est réutilisé en cave au IIIe siècle). Une allée nord-sud encadrée par deux palissades, non datée mais vraisemblablement présente dès cette période, conduit au coeur de l'établissement et à un puits au nord du bassin. Les très nombreux trous de poteau, non datés, sont répartis au nord mais surtout à l'est du site ; ils sont sans doute à rattacher à l'installation couvrant tout le haut Moyen Âge. Ces structures n'ont pu être que très partiellement étudiées mais se dégagent deux probables bâtiments installés à l'est à proximité d'un abreuvoir aménagé dans un fossé, et un autre au nord bordé par l'allée palissadée. Une sépulture est implantée au pied du bâtiment à hypocauste (réoccupé un temps puis définitivement arasé) ; elle est marquée par un fragment de colonne réemployée. La mare est comblée (VIIe siècle), comme le bassin et la plupart des fossés, à l'exception de quelques-uns utilisés jusqu'aux IXe-Xe siècles. Deux zones d'activité sont définies par des fours : deux fours domestiques au nord-nord-ouest et un bas fourneau au sud-ouest.