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Un camp napoléonien à Étaples-sur-Mer : l'apport de l'archéologie à l'histoire
Une équipe de l'Inrap vient de fouiller une partie du camp napoléonien du Puits d'amour à Étaples (Pas-de-Calais) en préalable à la construction d'un lotissement par Pas-de-Calais habitat.
C'est la première fois que des archéologues interviennent sur des baraquements des guerres napoléoniennes, ici le camp où le 6e régiment d'infanterie légère de la Grande Armée stationna d'octobre 1803 à août 1805. Ils ont pu confronter aux sources historiques leurs découvertes et donner ainsi un nouvel éclairage sur l'organisation du camp.
Un camp semi-permanent
La profusion d'objets de la vie quotidienne jonchant le sol permet de délimiter des espaces d'activités dans les baraques, voire de les différencier. Ainsi, des traces de piétinement permettent de distinguer les zones de circulation interne des zones de couchages. Des tessons de céramique retrouvés près des cheminées montrent que les repas étaient préparés et servis à côté. La plupart des baraques avaient un âtre, certaines un foyer secondaire. Les débris de pipes en terre cuite retrouvés en nombre sur le sol d'une baraque laissent penser qu'il s'agissait du mess dans le quartier des officiers. Ce quartier est identifié par la présence de boutons dorés retrouvés dans six baraques.
Pour autant, la plupart des boutons sont timbrés d'un " 6 " inscrit dans un cor de chasse, fermant les vêtements du 6e régiment d'infanterie légère. Coulés en cuivre, montés sur os, sur bois ou sur cuivre, ils illustrent différentes techniques de fabrication dont certaines étaient jusqu'ici inédites. La présence de plusieurs boutons d'uniformes timbrés d'un " 75 ", du 75e régiment de ligne non présent au camp d'Étaples, ainsi que d'autres, semble-t-il, frappés de l'étoile de l'ordre de la Jarretière arborée par certains régiments d'Outre-Manche, reste à expliquer.
Des boucles de havresac ou de giberne, témoins de leur équipement, ont aussi été retrouvées, ainsi que des jetons en cuivre et des pièces de monnaies royales, révolutionnaires et consulaires.
Le camp d'Étaples dans le dispositif militaire de Napoléon
Napoléon déployait, le long des côtes de la Manche et de la mer du Nord, d'Étaples à Ostende (Belgique), 175 000 hommes pour tenter de traverser la Manche. Mais la suprématie de la Royal Navy eut raison de sa stratégie et, cinq semaines avant Trafalgar, dès le 3 septembre 1805, il fit lever les camps le long de la côte pour entraîner ses troupes vers les campagnes militaires continentales (Ulm, Austerlitz...).
Mahaut Tyrrell
chargée de communication
médias, Inrap
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