À Harnes, l'Inrap fouille un cimetière rural carolingien dont l'organisation et les réaménagements divers révèlent la forte densité de la population inhumée et la probable proximité d'un lieu de culte. Ce chantier sera ouvert au public à l'occasion des Journées européennes du patrimoine ce  samedi 17 septembre.

Dernière modification
02 septembre 2022

Un petit cimetière rural

À l’ouest de la commune d’Harnes, la fouille précède l’aménagement d’un lotissement par la société Les Jardins de Proteram. Sur une superficie de 8500 m², elle concerne le cimetière rural carolingien mis au jour par l’Inrap lors d’un diagnostic à l’hiver 2020.
La zone funéraire, centrale sur l’emprise, occupe un espace de 2300 m² et livre plus de 250 sépultures dont la chronologie est estimée entre les VIIIe et IXe siècles grâce à une datation radiocarbone.

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Vue aérienne du site en cours de décapage (juin 2022).

© Frédéric Audouit, Inrap

Organisation de l’espace funéraire

Les limites de l’espace funéraire sont bien déterminées. Les tombes s’insèrent dans un environnement limité au nord et à l’est par un système de fossés et présentent deux orientations principales nord-sud et ouest-est.
Le cœur du cimetière est caractérisé par de nombreux recoupements et diverses orientations, attestant la densité de l’occupation et peut-être la proximité d’un lieu de culte. Le cimetière accueille adultes, enfants et même tous petits dans le même espace sans sectorisation.

 

Des sépultures variées

La fouille des tombes confirme la forte fréquentation de ce petit cimetière avec la réutilisation des fosses jusqu’à trois ou quatre fois. On observe en effet les restes des occupants précédents rejetés dans le comblement ou déposés en amas au-dessus du dernier défunt inhumé. Lorsque l’espace le permet, les premiers inhumés peuvent être redéposés en réduction au fond des fosses. Ces pratiques témoignent de la gestion du lieu sépulcral.

Les fosses creusées dans la craie apparaissent adaptées à la taille des défunts adultes ou enfants : rectangulaires, oblongues, légèrement trapézoïdales, elles présentent parfois un surcreusement parfaitement ajusté. Ces surcreusements viennent certainement remplacer l’utilisation de cercueil dont on ne trouve aucune trace matérielle. Lorsque les fosses ne sont pas aménagées, l’inhumation dans un coffrage ou cercueil chevillé est donc pressentie.

Des morts inhumés très sobrement

Conformément aux préceptes de l’Église pour cette période, l’ensemble des défunts est disposé allongé sur le dos dans le plus simple appareil. Les tombes ne livrent ni éléments vestimentaires, ni offrandes et seule l’observation des squelettes permet de déterminer l’inhumation dans des linceuls relativement serrés. Quelques rares tessons se retrouvent dans les comblements des fosses et viendront éclairer la période d’occupation.

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Sépulture en cours de fouille.

© Cécile Durin, Noémie Gryspeirt, Inrap

Population inhumée

Les premières observations de terrain vont dans le sens d’un cimetière paroissial accueillant la population locale. On relève néanmoins la présence de nombreux immatures.
L’étude biologique des individus viendra confirmer ou infirmer un recrutement naturel de la population inhumée. Les études permettront également d’appréhender l’état sanitaire et les pratiques funéraires de cette population carolingienne, mais aussi de mieux comprendre l’organisation de l’espace sépulcral et des différents modes d’inhumation accordés aux défunts selon leur âge ou leur sexe.

Ce chantier sera ouvert au public à l'occasion des Journées européennes du patrimoine le  samedi 17 septembre.

Aménagement : Les Jardins de Proteram
Contrôle scientifique : SRA Hauts-de-France
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Cécile Durin (archéo-anthropologue), Inrap