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Une occupation du haut Moyen Âge à Bourlon
La fouille de Bourlon (Pas-de-Calais) fait suite à un diagnostic entrepris du 3 novembre au 12 décembre 2008 et du 23 mars au 7 avril 2009, sous la direction de Denis Gaillard (Inrap).
Elle a porté sur un habitat du début du Moyen Âge, organisé de part et d'autre d'un axe de communication qui suit le fond d'une vallée sèche orientée est-ouest. Dans son état actuel, cette occupation couvre une surface d'un peu plus de deux hectares, circonscrite sur ses faces nord, est et sud.
Un habitat dense des périodes mérovingienne et carolingienne
Le site présente une quantité assez importante de fonds de cabanes, de silos de stockage, mais aussi de nombreux trous de poteaux qui définissent des séries de bâtiments d'habitation ou, à plus petite échelle, des greniers sur poteaux.
Le fond de cabane est l'un des vestiges emblématiques de la période du haut Moyen Âge visible la trace des poteaux porteurs de la superstructure. Sur le site, les plans de fonds de cabane les plus fréquents sont à deux poteaux porteurs placés dans l'axe le plus long de la cabane, mais on trouve également des cabanes soutenues par six poteaux (les deux poteaux axiaux et un dans chaque angle de la structure). Ces édifices excavés de faible surface ne semblent pas dédiés à l'habitat (même si l'hypothèse ne peux être totalement exclue), mais plutôt à des activités artisanales (tel le filage) ou pastorales (petite bergerie pour cheptel de petite taille).
Très concentrés dans un espace qui semble leur être pleinement dédié tout au long de l'occupation médiévale, les silos sont des structures de stockage du grain pour la consommation ou de conservation de semences pour la saison culturale suivante. Ces structures excavées se présentent sous la forme de tronc de cône d'environ 0,5 m3 en général, mais certains silos peuvent atteindre des contenances plus importantes de 2 à 3 m3.
Ces deux types de structures (fonds de cabanes et silos) sont concentrés au sud du chemin qui sillonne le fond de vallée, sur le flanc orienté au nord. De l'autre côté de la voie de circulation, le flanc exposé au sud semble voué à l'habitat ; c'est là que se trouve la majorité des trous de poteaux.
Quelques fours, certainement à vocation culinaire, sont dispersés sur l'ensemble du site.
Des sépultures ont été mises au jour sur le site. Certaines, surtout des tombes de nouveaux-nés ou de jeunes individus, sont disséminées dans l'habitat. A contrario, une quinzaine de sépultures concernant des sujets adolescents ou adultes ont été regroupées à l'écart des structures de vie et le long du chemin. Cette disposition révèle très probablement un statut post-mortem différent en fonction de l'âge de l'individu.
Les recherches menées par les différents spécialistes sur le mobilier issu de cette fouille font apparaître l'image d'une occupation dense de cet espace sans interruption du VIIe au Xe siècle de notre ère. Aucun habitat antérieur sous-jacent n'a été constaté. Toutefois, la découverte fréquente de pièces d'architecture d'origine gallo-romaine (tuiles, blocs de grès équarris, etc.) atteste que les populations du début du Moyen Âge se sont installées dans un terroir où l'empreinte de leur prédécesseurs gallo-romains était encore fortement présente.