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Une vaste demeure aristocratique antique mise au jour à Auch
Sur 800 m², la fouille, située à moins d’une centaine de mètres du forum de l’antique cité d’Elimberris, met en évidence les premières implantations humaines datées de la seconde moitié du Ier siècle avant notre ère.
Une équipe de l’Inrap met actuellement au jour, à Auch, une vaste demeure aristocratique antique. Cette fouille, réalisée sur prescription de l’État (Drac Occitanie), se situe à moins d’une centaine de mètres du forum de l’antique cité d’Elimberris. Ce nouveau chantier archéologique est d’importance : le passé gallo-romain d’Auch reste en grande partie à découvrir, il n’avait été perçu qu’au travers d’une fouille, déjà ancienne, et d’une dizaine de diagnostics.
Auch antique
Elimberris est implantée sur la rive droite du Gers, aujourd’hui en contrebas du centre urbain moderne. Sur 800 m², la fouille met en évidence les premières implantations humaines datées de la seconde moitié du Ier siècle avant notre ère. Toutefois, les premiers signes tangibles d’une véritable urbanisation n’émergent qu’au début du Ier siècle de notre ère. Cette période inaugure l’expansion de la cité, avec sa trame urbaine, structurée par un réseau viaire, orienté, comme il se doit, sur les points cardinaux. La présence du forum et d'habitats privés de qualité avait été perçue lors de diagnostics et de sondages archéologiques. Au cours du Bas-Empire, la cité semble prospère et voit l’apparition de luxueuses résidences, agrémentées de thermes et de sols en mosaïque. C’est l’une d’entre d’elles, qui sort aujourd’hui de terre…
Une domus et ses mosaïques
Peu après les années 320-330 de notre ère, cette domus, est dotée d’un ensemble thermal. Les vestiges actuellement mis au jour s’inscrivent dans un corps de bâtiment, long de 28 m et large de 10 m. Au moins trois pièces chauffées par le sol (ce que les archéologues appellent les hypocaustes rayonnants), sont agrémentées de mosaïques polychromes différentes. Deux d’entre elles présentent des motifs géométriques, composés d’octogones et de carrés pour l’une, de « cocardes » pour l’autre. Plus vaste, la troisième est un tapis de figures géométriques et florales complexes. Sont aussi présentes des mosaïques murales, attestées par des tesselles de pâte de verre noir bleuté, vert ou rouge, dont les fragments ont été retrouvés dans les gravats antiques scellant les sols.
Ces mosaïques se rattachent sans ambiguïté à un « style aquitain » qui se développe, durant la fin de l’Antiquité, dans le sud-ouest de la Gaule. Bien connus dans certaines grandes villae rurales, ces pavements sont plus rares en milieu urbain, toutefois, Bordeaux, Eauze et désormais Auch en ont livrés.
Au cours de son histoire, la domus a connu deux profondes restructurations architecturales. Ainsi, une des mosaïques tardives en recouvre une autre appartenant à un état antérieur de la demeure.
La fin du IVe et le début du Ve siècle signent l’abandon de la demeure aristocratique. Elle est alors l’objet d’une campagne de récupération systématique de matériaux : les murs sont épierrés, les dallages de marbre arrachés, les carreaux de chauffage prélevés, amputant ainsi une partie des mosaïques.
Dès le 17 juillet les mosaïques seront entoilées, puis déposées, c'est-à-dire prélevées afin d’être restaurées. Ainsi pérennisées elles pourront être présentées au public. Un rapport sera réalisé par les archéologues, les résultats les plus marquants publiés, un projet collectif de recherche autour d’Auch pourrait naître.
Pour l’heure, les mosaïques enlevées, la fouille se poursuit afin de découvrir l’Auch des Ier et IIe siècle de notre ère…
Vue d'ensemble du dernier état d'une domus en cours de fouille (seconde moitié du IVe siècle), Auch (Gers) 2017.
© Jean-Louis Bellurget, Inrap