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Varambon
A Saint-Clair-du-Rhône, Isère, la réalisation de trente-sept tranchées sur une emprise de 15 683 m2 a permis d'explorer 1 342,87 m2.
Ce site, aussi dénommé Clarasson, avait fait l'objet d'interventions archéologiques, en 1989 et 1990, dirigées par B. Helly et G. Pétillon. Les résultats ont donné lieu à une note dans la revue Gallia informations : HELLY (B.) et PÉTILLON (G.) - Saint-Clair-du-Rhône, Varambon, Clarasson, Gallia informations, l'Archéologie des régions, 1996, Rhône-Alpes. CNRS éditions, Paris, p. 122-123, 1997.
En rive gauche du Rhône, le gisement est situé au pied d'un versant, à la jonction avec une basse terrasse würmienne du fleuve. Les informations enregistrées lors de nos travaux marquent une certaine divergence par rapport aux acquis des sondages de 1989-1990, au terme desquels la succession des implantations humaines était la suivante (B. Helly et G. Pétillon, 1997) : figures zoomorphes préhistoriques ; chemin empierré, structures d'habitat et sépultures à crémation du début de notre ère ; nécropole à inhumations utilisée du IIIe au Ves.
Nous n'avons pas identifié de niveau préhistorique. Cette période peut concerner un espace restreint que le maillage des tranchées de 2002 n'a peut-être pas concerné. De même, aucune représentation animale n'a été mise au jour. On notera que les profondeurs d'enfouissement données pour ces vestiges (0,70 à 1,50 m) correspondent, pour l'essentiel dans notre stratigraphie, à la séquence d'accumulation des alluvions du Saluant (affluent du Rhône), contenant du mobilier romain et protohistorique en position secondaire. Il s'agit d'événements naturels, aux composantes hétérogènes, constitués de dépôts de sables fins ou grossiers et de galets. Le report des sondages de 1989-1990 sur le plan des vestiges dégagés en 2002 laisse apparaître que le chemin empierré se superpose à un fait archéologique que nous avons mis au jour. Il s'agit d'un creusement linéaire du type fossé de drainage. Nous n'avons pas identifié de structures d'habitat. En 1989-1990, les aménagements de ce type ont été reconnus hors de l'emprise, à l'est. Enfin, aucune sépulture à crémation n'a été mise au jour lors de nos travaux.
Dans le cadre de ce diagnostic, toutes les zones rubéfiées ont fait l'objet d'une expertise. Elle a été menée par une archéologue spécialisée en anthropologie (F. Blaizot/Inrap). Aucun ossement humain brûlé n'est présent dans ces creusements. Il s'agit de fours qui appartiennent à une phase d'occupation située entre le VIIe s. et le XIIe s., d'après leur typologie car aucun artefact ne permet de les dater plus précisément. Les crémations, signalées à la suite des sondages, sont attribuées au début de notre ère. Soit ces sépultures n'ont pas été concernées par les tranchées de 2002, soit ce sont les fours qui ont été interprétés comme étant des crémations. La nécropole à inhumations (cinquante sépultures identifiées en 1989-90), dont le mobilier de trois sépultures est daté entre le IIIe et le Ve s., a été reconnue en 2002. Vingt sépultures ont été mises au jour, mais seulement deux ont été fouillées. L'une d'elles a livré un élément semi-circulaire en bronze (moitié de nummus, du IVe s., déterminé par C. Cécillon/Inrap). Toutes ces tombes sont orientées, tête à l'ouest et pieds à l'est. Certaines possèdent des galets en périphérie de la fosse. Deux sujets immatures ont été reconnus.
Au terme des travaux (1989-90 et 2002), on peut estimer que la nécropole occupe 2 560 m2 environ dans l'emprise pour un nombre minimal de sépultures estimé à 130. Les sondages réalisés en 1989-1990 et les tranchées de diagnostic de 2002 permettent d'effectuer, par la stratigraphie, un phasage des occupations humaines sur le site : aux IVe-IIIe s av. J.-C., une implantation appartenant à La Tène ancienne/moyenne (identification J.-M. Treffort/Inrap) prend place sur un paléosol brun-noir épais de 0,80 m situé directement sur le cailloutis würmien de la terrasse. Entre le IIIe s. av. J.-C. et l'époque romaine, d'importantes phases d'alluvionnements (limons à sables grossiers) du Saluant, divaguant sur son cône de déjection, développent la séquence sédimentaire. Le mobilier archéologique présent est en position secondaire. Au cours de l'Antiquité, plusieurs creusements réalisés en galets (fosses, fossés) sont mis en place. Ils sont probablement liés à la mise en culture de cet espace et peut-être à mettre en relation avec l'établissement, daté du début de l'ère, reconnu à l'est de l'emprise (fouille 1989-1990 ; B. Helly et G. Pétillon 1997). À la fin de l'Antiquité, une nécropole se développe à partir du IIIe s. Au Moyen Âge, des fours en batteries témoignent d'une activité artisanale entre le VIIIe et le XIIe s.