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Archéologie des migrations
Colloque international organisé par l'Inrap, en partenariat avec le Musée national de l'histoire de l'immigration. Les 12 et 13 novembre 2015 au Musée national de l'histoire de l'immigration.
Phénomène d'actualité récurent, les migrations constituent un enjeu sociétal. Toutefois, les grandes vagues migratoires ne sont pas le propre de nos temps contemporains. L'archéologie est là pour le rappeler. « Out of Africa », « révolution néolithique », « invasions barbares », « expansion bantoue » ou commerce triangulaire : les mouvements de population, leurs logiques, ont évolué au cours du temps. Volontaires ou contraints, ces déplacements ont induit diaspora, colonisation, métissage, intégration ou ségrégation.
Le colloque « Archéologie des migrations » confronte les données et propose un réexamen critique des sources historiques, démographiques anthropologiques ou linguistiques. Il a pour ambition de mettre en perspective, dans la longue durée, de nouveaux scenarii.
Confrontant données archéologiques, historiques, géographiques ou démographiques, l'ambition de ce colloque international est d'aller bien au-delà de la simple observation des mouvements de population à grande échelle, en abordant les contacts entre les migrants et les sociétés rencontrées. Il rassemble 30 chercheurs de tous horizons.
Programme
Jeudi 12 novembre 2015
09h00
09h30 - 11h00
I - Les migrations préhistoriques (Paléolithique et Néolithique)
Les migrations sont indissociables du comportement du genre Homo. Elles expliquent que cette branche des primates ait pu, en deux principales sorties successives d'Afrique, prendre progressivement le contrôle de la planète et éliminer ce faisant un grand nombre d'espèces vivantes. La domestication des animaux et des plantes, par le boom démographique continu qu'elle provoqua, accéléra encore ce processus. Cette session fera le point sur l'état des questions concernant cette première période de l'histoire humaine.
11h00 - 13h00
13h00
II - Migrations et mobilités antiques
La question des migrations dans l'Antiquité a longtemps été traitée comme une étude des formes de colonisation que l'on assimilait plus ou moins, ou que l'on opposait, à l'expansion européenne des temps modernes et contemporains sur les autres continents. Depuis une trentaine d'années, les questionnements se sont renouvelés et ont conduit à de nouveaux paradigmes, qui mettent l'accent sur les mobilités et circulations, éventuellement individuelles, plutôt que sur les déplacements collectifs. Que le phénomène ait concerné des individus ou des groupes plus ou moins massifs, il a marqué les sociétés grecques, romaines et extra-méditerranéennes, dès le IIe millénaire, en favorisant ici et là la construction d'identités métissées, se différenciant des modèles dits du centre et créant leur propre spécificité.
15h30 - 16h45
« Les Étrusques : quelles origines ? », par Vincenzo Bellelli, Conseil national de la recherche d'Italie (CNR)
« La construction d'identités diasporiques dans la vie quotidienne au sein des communautés phéniciennes occidentales », par Ana Delgado, université Pompeu Fabra de Barcelone
16h45
17h15 - 18h40
« Migration Lapita : premier peuplement de l'Océanie lointaine », par Christophe Sand, Institut d'archéologie de la Nouvelle-Calédonie et du Pacifique
« L'expansion Bantoue : nouvelles synthèses », par Augustin Holl, université Paris-Ouest Nanterre
III - Les migrations aux époques médiévales et modernes
Les questions autour des migrations ont longtemps fait partie des grands paradigmes de l'archéologie médiévale. Un réexamen critique des sources archéologiques et anthropologiques, mais aussi de sources écrites et linguistiques, permet aujourd'hui de renouveler le débat et d'en éclairer certains points. Mis en perspective sur la longue durée, de nouveaux scenarii concernant les peuples en mouvement mettent en lumière des processus de transformations, tant dans les aspects culturels que politiques, économiques ou religieux.
La discrétion de certains vestiges archéologiques invite cependant à s'interroger sur la forme des événements et les limites des sources. Cette session fera donc le point sur les nouvelles théories et interprétations, pour les périodes médiévales et modernes.
9h00 - 10h30
« Les migrations barbares et leurs traces archéologiques : l'exemple de la Gaule du Sud-ouest au Ve siècle », par Jean-Luc Boudartchouk, Inrap
« L'immigration scandinave sur le continent au Xe siècle : un invisible archéologique ? », par Vincent Carpentier, Inrap
10h50
11h15 - 12h45
par Paul Salmona, Musée d'art et d'histoire du judaïsme
« Présence arabo musulmane en Languedoc et en Provence à l'époque médiévale », par Marc Terrisse, Centre de recherches historiques de l'Ouest, CNRS
« S'affranchir ou s'enraciner : le droit de la migration depuis les colonies françaises vers la métropole à l'époque de l'esclavage », par Sue Peabody, université de Vancouver
13h15
IV - Les migrations contemporaines
La migration recouvre une grande variété de situations, temporaires ou définitives, individuelles ou groupées, d'un quartier urbain à un autre ou d'un continent à un autre, des migrations libres ou forcées, régulières ou irrégulières. Les traces écrites et plus encore matérielles qu'elles laissent sont presque inexistantes dans les contrées d'origine, rares dans les lieux de passage et de contrôle, diverses et surtout fragiles dans les lieux d'arrivée. Même dans ces derniers, une situation irrégulière ou une volonté d'acculturation peuvent conduire à les effacer. Cependant, quand elles sont organisées par des États ou des firmes privées ou quand des communautés de même origine se maintiennent, il est possible d'en restituer des traces archéologiques comme le montreront les communications de cette session.
14h00 - 15h30
« De l'Afrique aux Amériques : archéologie de l'esclavage transatlantique et de la diaspora africaine », par Theresa Singleton, université de Syracuse
« Le cimetière "italien" du quartier des Crottes à Marseille : entre intégration et rejet », par Anne Richier et Nicolas Weydert, Inrap
15h45
16h15 - 18h00
Conclusions : « Quelle archéologie des migrations aujourd'hui ? »
Avec Jean-Paul Demoule, Hervé Le Bras, et Philippe Joutard, Conseil d'orientation du Musée national de l'histoire de l'immigration.