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Des découvertes archéologiques originales sur le Contournement sud de Reims
L'aménagement du contournement autoroutier sud de Reims par le groupe sanef a nécessité des interventions archéologiques préalables réalisées pour l'essentiel par l'Institut national de recherches archéologiques préventives.
Sur ce tracé de 14 kilomètres, qui traverse dix communes, l'Inrap a mené 161 hectares de diagnostics sur prescription de l'Etat (Drac Champagne-Ardenne) puis a réalisé quatre fouilles archéologiques qui se sont échelonnées du 2 février au 24 avril 2009. Elles se sont déroulées sur les communes des Mesneux, d'Ormes et de Thillois sur une surface totale de 7700 m2.
Les recherches menées sur ce tracé autoroutier, dans la plaine crayeuse, ont livré de nombreuses informations sur la longue histoire rurale au pied de la montagne de Reims. L'espace est occupé à l'âge du Fer comme en témoignent les exploitations agricoles. Une grande voie relie les villes de Reims et de Dormans durant l'Antiquité, cette route romaine à l'existence jusqu'alors supposée est aujourd'hui confirmée. Ces interventions ont également révélé une occupation du Moyen Âge insoupçonnée, les archéologues ayant identifié de nombreuses sépultures ainsi que des fonds de cabanes, petites cellules domestiques de l'époque. Parmi les découvertes faites sur le terrain, un dépôt de 345 monnaies romaines et une nécropole des IXe-Xe siècles à la composition très particulière.
Un lieu cultuel antique
Le dépôt monétaire (IIIe siècle)
Une nécropole carolingienne surprenante (IXe-Xe siècles)
Plus étonnant, aucun enfant de moins d'un an n'a été identifié sur le site alors que la mortalité des tout petits est particulièrement importante à cette époque. Les chercheurs supposent que ces très jeunes sujets n'étaient pas admis dans cette nécropole. Par ailleurs, les deux tiers des individus adultes sont des hommes ce qui ne correspond pas non plus au schéma classique, habituellement équilibré entre hommes et femmes. Autre singularité, la plupart des hommes mesurent plus de 1,75 mètre, ce qui est assez peu habituel à l'époque. Ils partagent un grand nombre de caractéristiques biologiques laissant supposer qu'ils appartiennent à un même groupe familial.
Enfin, deux individus se démarquent des autres. Ils sont enterrés dans une même fosse et portent tout deux des traces de mort violente occasionnées par des coups d'épée. L'étude révèle pour chacun un impact sur le crâne et une blessure sur le haut du corps, à l'épaule pour le premier et à l'avant-bras pour le second en essayant probablement de protéger son crâne. Ces impacts indiquent qu'ils ont tenté de se défendre. Les décès font suite à ces blessures reçues probablement lors d'un règlement de compte.
L'accumulation de ces nombreuses particularités soulève beaucoup de questions et fait de cette nécropole un site de référence pour affiner la connaissance des pratiques funéraires à l'époque carolingienne.
Estelle Bénistant
chargée du développement culturel et de la communication
Inrap Grand Est-nord
06.74.10.26.80
estelle.benistant [at] inrap.fr